EnR en France : entre essor et incertitude politique
le bureau d'analyse d'EuroLand Corporate
23 juillet 2025
La France bénéficie d’un mix électrique largement décarboné, avec 94 à 95 % de sa production d’électricité d’origine bas-carbone en 2024, dont 68 % nucléaire et 12 % renouvelables.
Mais au-delà de ce socle historique, les énergies renouvelables progressent finalement lentement dans l’ensemble de la consommation finale brute. Elles ont atteint seulement 23 % en 2024 (+0,6 pt vs 2023), contre un objectif affiché de 33 % d’ici 2030.
Source : Ministère de la transition écologique
Une belle progression générale, mais inégale selon les sources
Le solaire photovoltaïque continue de croître à un rythme soutenu. Selon les derniers éléments chiffrés dont nous disposons, la capacité brute installée a franchi 24,9 GW au premier trimestre 2025, en hausse de plus de 30 % sur un an.
De son côté, l'éolien a lui aussi bien progressé, avec une puissance raccordée supérieur à 23 GW au 31 mars 2025, en progression par rapport à l'année dernière, bien que cette hausse soit la plus faible depuis 2020. Cette puissance se répartit entre l'éolien terrestre (environ 23,5 GW) et l'éolien off-shore, encore embryonnaire (1,5 GW).
Pour s'aligner avec la PPE (entre 33 et 35 GW en 2030 et 40-45 GW en 2035), il sera nécessaire de maintenir un rythme de déploiement de 1,5 GW par an, ce qui correspond au rythme moyen de raccordement observé ces dernières années pour l’éolien terrestre.
Enfin, à fin 2024, la capacité de production issue de la bioénergie solide (biomasse et déchets renouvelables) atteint environ 2,3 GW installés. Concernant le biométhane injecté dans les réseaux, la capacité atteint 14,3 TWh/an début 2025, avec une production réelle de 11,6 TWh injectés en 2024, en hausse de +27 % sur un an. Cette dynamique reste encourageante, mais demeure aussi en retard par rapport aux objectifs de la PPE, qui visent 24 à 32 TWh/an de biométhane injecté en 2028, soit un doublement à horizon quatre ans.
Ainsi, malgré une forte progression en 2024 (+1,7 TWh), le rythme annuel actuel devrait être significativement accéléré pour tenir les engagements, notamment via une simplification des procédures, des incitations tarifaires (mécanismes des CPB) et une montée en puissance des projets agricoles et territoriaux déjà en file d’attente.
Le moratoire sur les EnR, un pavé inutile dans la mare ?
Face au développement de cette transition énergétique, un signal politique plutôt mauvais a été envoyé début juin, avec le dépôt d'une proposition de loi à l’Assemblée nationale visant à instaurer un moratoire sur les nouveaux projets EnR : éolien, solaire au sol, unités de méthanisation.
L’objectif affiché est de suspendre les nouvelles autorisations en attendant une refonte des règles d’implantation et d’acceptabilité. Même si le texte n’a pas été adopté, son impact indirect, est aussi direct, a été immédiat. Plusieurs développeurs ont gelé leurs projets, le climat d’investissement s’est détérioré et l’incertitude réglementaire s’est accrue. De quoi encore fragiliser la trajectoire française sur le sujet, malgré l'impératif de transition.
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