Le recul du nombre d’entreprises cotées est devenu un phénomène mondial. Selon Bank of America Securities, le nombre total de sociétés en Bourse a chuté à 47 000 en 2024, contre plus de 52 000 en 2021. Aux États-Unis, la baisse est spectaculaire : le pays compte environ 4 000 sociétés listées, soit deux fois moins qu’au début des années 2000. En parallèle, le capital-risque et le private equity ont pris une ampleur considérable, finançant aujourd’hui plus de 22 000 milliards de dollars d’actifs.
Les causes de cette érosion sont en partie liées au poids des contraintes réglementaires, à la pression court-termiste des marchés, et à la lourdeur administrative. Le renforcement des obligations issues notamment de la loi Sarbanes-Oxley, adoptée en 2002 après les scandales Enron et WorldCom, a profondément modifié la perception de la Bourse américaine. Si la transparence et la gouvernance se sont améliorées, le coût de la conformité a augmenté. Selon Bank of America, il représente aujourd’hui plus de 4 % de la capitalisation médiane d’une société cotée, tandis que les obligations de reporting consomment des centaines de millions d’heures chaque année.
Les jeunes entreprises préfèrent ainsi retarder leur entrée sur les marchés publics. Une startup américaine met désormais près de 16 ans avant une éventuelle introduction, soit un tiers de plus qu’il y a dix ans.
L’Europe : la même tendance, amplifiée par la prudence
Le constat est similaire, voire plus marqué, sur le Vieux Continent. Près de 96 % des entreprises européennes réalisant plus de 100 millions de dollars de chiffre d’affaires restent privées. Le phénomène est accentué par la taille plus réduite des marchés et la culture financière plus prudente des dirigeants.
Le nombre d’introductions en Bourse reste ainsi très inférieur à celui observé aux États-Unis ou en Asie, et la tendance est à la contraction du nombre de sociétés cotées.
La complexité administrative, les coûts liés à la conformité et la volatilité des marchés européens alimentent une méfiance persistante. En France, la situation illustre cette érosion : le nombre de sociétés cotées sur les marchés d’Euronext Paris a diminué d’environ 20 % en dix ans, et les introductions sont désormais rares. Le segment Euronext Growth, pourtant conçu pour accueillir les PME, stagne autour de 250 sociétés depuis plusieurs années.
Le tournant doctrinal de l’AMF
Face à ce diagnostic, les autorités françaises font évoluer leur réglementation. Le 16 octobre 2025, l’Autorité des marchés financiers (AMF) a publié une nouvelle doctrine visant à faciliter l’accès à la cote et à fluidifier le processus d’introduction.
Parmi les principales évolutions :
Cette modernisation du cadre réglementaire s’inscrit dans une volonté plus large de rendre la place de Paris plus compétitive face à Londres, Amsterdam ou Milan, qui ont déjà simplifié leurs propres processus d’IPO. Les objectifs sont multiples: raccourcir les délais, réduire la complexité et restaurer la confiance des dirigeants dans la Bourse comme outil de financement.
Vers une évolution des mentalités ?
Au-delà de la réglementation, la question est aussi culturelle. En France, la Bourse demeure perçue davantage comme un instrument spéculatif que comme un levier de croissance. Les dirigeants redoutent le regard du marché, la pression du court terme, et l’exposition médiatique.
Pour inverser cette perception, la transparence doit s’accompagner de pédagogie, et la gouvernance d’une simplification réelle des obligations. Le recentrage sur la compétitivité des marchés de capitaux porté par la Commission européenne avec le Listing Act et désormais par l’AMF constitue un pas important. Mais il faudra aussi un changement de mentalité : réaffirmer que l’introduction en Bourse n’est pas une contrainte, mais un vecteur de développement et d’indépendance
EuroLand Corporate, premier Listing Sponsor du marché Euronext Growth Paris, accompagne plus de 60 sociétés cotées, dont 37 en qualité de Listing Sponsor, dans leur stratégie de structuration et d’optimisation de leur communication financière.
