Alors que 2022 a été, selon un rapport de la banque d'investissement Lazard daté du 18 janvier dernier, une année record par le nombre de campagnes activistes sur les sociétés de plus de 500 M$ de capitalisation, l’activisme actionnarial peut-il s’appliquer sur les petites capitalisations ?
De quoi s’agit-il ?
L'activisme actionnarial désigne les pratiques d'un investisseur (le plus souvent fonds institutionnels, de private equity ou encore hedge fund) qui, après avoir pris une position minoritaire mais significative (généralement de l’ordre de 5% à 10%) au capital d’une société cotée, cherche à avoir, par la mise en œuvre de ce qu’on appelle une « campagne », un impact sur sa stratégie, sa performance financière ou sa gouvernance afin d’en retirer un profit à plus ou moins court terme.
L’activisme actionnarial n’est pas forcément le fait de « raiders » qui cherchent à tout prix à démanteler la société. Il peut être l’occasion d’échanges fructueux aboutissant sur un win-win pour l’entreprise et ses actionnaires. L'activiste agit lorsqu’il estime que le cours de bourse ne reflète pas la valeur de l'entreprise, à cause de sa stratégie ou de sa gouvernance.
Le fonds activiste va, la plupart du temps, requérir :
• une modification de la gouvernance (nomination d’administrateurs indépendants, changement des managers, révision des salaires des dirigeants etc.) ;
• une évolution de la performance économique (réduction des frais de structure et des dépenses jugées superflues, etc.) qui peut aller jusqu’à l’exigence d’un versement de dividende, la mise en œuvre de programmes de rachat d’actions ou encore une augmentation du niveau de la dette ;
• une mutation profonde de la stratégie notamment par la cession d’actifs moins rentables ou non stratégiques, le démembrement de l’entreprise ou un rapprochement avec un concurrent.
A noter que depuis 2021, on assiste à une augmentation du nombre de campagnes axées sur des critères ESG (environnementales, sociales et de gouvernance) qui rentrent désormais dans la réflexion des fonds.
Pour arriver à leurs fins, les fonds activistes, qui peuvent agir en « confrontation » ou en « coopération » avec le management, mettent en œuvre des stratégies d’influence complexes et variées allant d'un lobbying plus ou moins agressif jusqu'aux actions judiciaires systématiques et très médiatisées. Ils peuvent également s’appuyer sur du renseignement économique ou encore des proxys pour s’allier le soutien d’autres actionnaires à leurs demandes.
Au cours de l’année 2022, les capitalisations boursières supérieures à 25 Md$ ont représenté la plus grande part des sociétés ciblées par les 235 campagnes recensées par la banque Lazard dans son rapport, près de 40% d’entre elles sont constituées d’entreprises technologiques ou industrielles et seules 3 étaient françaises.
Et pour les small caps françaises ?
L’activisme actionnarial sur les small caps en France reste encore assez confidentiel, non pas parce qu’il n’y a pas d’opportunité, mais bien parce que cette typologie de sociétés est plus complexe à traiter pour un fonds activiste.
L’objectif étant d'investir et de fournir une assistance à valeur ajoutée aux petites sociétés cotées sous-évaluées qui ont un potentiel de redressement important afin d’aboutir à une revalorisation du cours de bourse, pour être potentiellement ciblées, les small caps doivent ainsi remplir certains critères, notamment :
• un capital éclaté avec une absence de forte concentration du pouvoir entre les mains des fondateurs/managers ;
• une liquidité avérée et une volatilité maîtrisée du titre, l’objectif à terme de l’activiste étant de revendre sa participation avec plus-value ;
• une vision business long terme du management ; et
• un potentiel d’augmentation du cours de l’action pouvant découler des actions menées par le fonds activiste.
Inévitablement, le nombre de cibles potentielles s’en trouve ainsi réduit.