Chaque printemps, le même ballet se joue dans les grandes et petites entreprises cotées : celui des assemblées générales. Les actionnaires y sont appelés à voter sur les comptes, les dividendes, les rémunérations, les renouvellements de mandats ou encore des résolutions permettant la réalisation de levées de fonds. Derrière ce rituel de la démocratie actionnariale, une question demeure : les particuliers, ces milliers de petits porteurs souvent silencieux, peuvent-ils encore réellement peser sur les décisions stratégiques des entreprises cotées ou sont-ils condamnés à rester des figurants dans un théâtre dominé par les institutionnels ?
Une influence mathématiquement marginale
Le constat est connu : malgré leur poids numérique, les actionnaires individuels peinent à se faire entendre. Dispersés, peu organisés, rarement accompagnés, ils participent peu aux votes en assemblée. Dans les PME-ETI notamment, leur mobilisation reste faible et se concentre souvent sur les résolutions de gestion courante. Face à eux, les investisseurs professionnels – souvent présents via des blocs concertés ou des fonds spécialisés – disposent d’un pouvoir d’influence largement supérieur, et d’une capacité à peser réellement sur les orientations stratégiques.
Pourtant, les chiffres montrent que les particuliers restent bien présents au capital. Selon une étude menée par Euronext (Euronext : Dynamisez votre actionnariat individuel, mars 2024) sur un panel de 55 sociétés cotées, ils représentaient en moyenne 27,9 % du capital des PME-ETI françaises en 2023, avec des pics à 77 % pour certaines small caps au capital très atomisées. En matière de volumes échangés, leur rôle est encore plus marqué : 27 % des échanges sur ce segment leur sont attribués, contre seulement 3 % sur l’ensemble d’Euronext Paris. Autrement dit : leur empreinte économique est significative, mais leur empreinte démocratique reste marginale.
Des outils disponibles, une mobilisation à construire
Pour remobiliser cette base dormante, les sociétés cotées ont multiplié les initiatives : généralisation du vote électronique via Votaccess, retransmission des AG en direct, guides pédagogiques, services relations investisseurs renforcés… Certaines vont plus loin. Air Liquide, L’Oréal ou FDJ ont fait de la fidélisation actionnariale un axe stratégique, en valorisant l’ancienneté via des droits de vote double, des dividendes majorés, ou des actions gratuites.
Mais ces exemples restent trop isolés. Dans la majorité des cas, les outils existent mais peinent à rencontrer leur public. Les droits nouveaux introduits par la directive SRD II (vote à distance, “say on pay”, droit de poser des questions écrites) sont sous-utilisés. Et les assemblées générales restent souvent perçues comme des exercices formels, voire opaques, à mille lieues d’un réel échange entre dirigeants et actionnaires.
Là où certaines sociétés innovent avec des webinaires ciblés, des clubs actionnaires ou des campagnes d’animation via les réseaux sociaux, la majorité reste sur un modèle figé. Trop peu de sociétés construisent une relation durable avec leurs petits actionnaires. La mobilisation reste à inventer. C’est une mission à laquelle nous nous attelons chez EuroLand Corporate pour nos clients avec une offre sur mesure pour adresser les investisseurs particuliers (Visioconférences, visite de site, note d’analyste dédiée…).
L’émergence d’un actionnariat plus revendicatif ?
Face à cette inertie, un nouveau modèle commence à poindre : celui d’un actionnariat plus actif, parfois revendicatif. En France, l’Association de Défense des Actionnaires Minoritaires (ADAM) joue ce rôle depuis longtemps. Mais des signaux récents montrent que des coalitions informelles d’investisseurs – parfois composées de particuliers – peuvent peser dans le débat. Des cas comme Orpea, Casino ou TotalEnergies l’ont illustré : l’attention médiatique et la résonance publique peuvent aussi influencer la gouvernance.
Ailleurs en Europe, des initiatives plus structurées apparaissent : la plateforme britannique Tulipshare permet à des particuliers de se regrouper pour soumettre des résolutions ESG à de grands groupes. En France, la culture reste plus prudente, mais les réseaux sociaux, les forums comme Boursorama ou les plateformes collaboratives participent à une lente évolution des pratiques. L’actionnaire individuel n’est plus forcément silencieux. Il s’informe, commente, compare. Et, parfois, s’engage.
Un enjeu de gouvernance et de stratégie
Pour les entreprises cotées, cette mutation est loin d’être anodine. Dans un marché où les investisseurs institutionnels sont volatils, les particuliers représentent une base d’actionnariat plus stable, plus fidèle, souvent plus alignée avec le projet d’entreprise. À condition d’être intégrés et considérés.
Réinstaurer la relation avec les petits porteurs n’est pas un supplément d’âme : c’est un choix stratégique. C’est :
Car l’assemblée générale n’est pas une simple formalité : elle peut redevenir le lieu d’un dialogue entre l’entreprise et ceux qui la financent, quelle que soit la taille de leur portefeuille.
EuroLand Corporate, premier Listing Sponsor du marché Euronext Growth Paris, accompagne plus de 60 sociétés cotées, dont 36 en qualité de Listing Sponsor, dans leur stratégie de structuration et d’optimisation de leur communication financière.