Le contexte boursier des Smallcaps s'avère difficile, marqué par une sous-performance globale des indices. En effet, le CAC Small 90 n'a progressé que de 2,6%, tandis que le CAC 40 a enregistré une hausse de 14,3%. Face à cette disparité, le marché attendait une accélération des offres publiques d'achat (OPA) sur les PME cotées, souvent caractérisées par des niveaux de valorisation attractifs. Cependant, cette tendance a été contrebalancée par une forte remontée des taux, ce qui a sensiblement renchéri le coût de ces opérations.
Qu’est-ce qu’une OPA ?
Lorsqu’un actionnaire, seul ou de concert, franchit à la hausse le seuil des 30% (marché réglementé) / 50% (Euronext Growth) du capital et/ou des droits de vote d’une société cotée en bourse, il est tenu de proposer, aux autres actionnaires de cette société, d'acheter la totalité de leurs actions durant une période limitée à un prix déterminé réglé en numéraire. Par ailleurs, si à l’issu de l’offre publique d’achat, l’initiateur détient plus de 90% du capital ou des droits de vote de la cible, il a la possibilité d’envisager le retrait de cote de la cible. Concernant le régime des OPA, certaines offres se font dans le cadre d’un programme de rachat d’actions avec comme initiateur la société elle-même.
Combien d’OPA réalisées au cours du 1er semestre ?
Comparativement au dernier trimestre de 2022, qui avait été actif avec neuf projets déposés en trois mois, le premier semestre de 2023 a vu uniquement onze projets d'OPA déposés en six mois. Cependant, depuis la fin du semestre, les offres s'accélèrent.
Quels sont les keys points des OPA au cours du semestre ?
• Renforcement de l’actionnaire de référence et montée en puissance des industriels : Traditionnellement, les OPA peuvent être initiées par trois types d'acteurs : les fonds de private equity (PE), les industriels, ou l'actionnaire de référence (famille, industriel ou financier). Alors que les fonds de private equity avaient dominé le marché des PME cotées en bourse en 2021 et 2022, le premier semestre de 2023 a marqué le retour en force des industriels et des actionnaires de référence. Sur les onze OPA déposées au cours du S1, six ont été initiées par l'actionnaire de référence, qui a saisi l'occasion de renforcer sa position au regard des valorisations attractives. De plus, cinq offres ont été lancées par des industriels, tels que Sopra sur CS Group et Novo Nordisk sur Biocorp.
• Des primes offertes toujours significatives : La prime spot moyenne sur les OPA déposées au cours du 1er semestre ressort à 44,8% vs 50% au S1 2022. A noter que le niveau de prime proposé par l’actionnaire de référence ou des industriels diffère assez peu. La prime la plus significative de la période, proposée par un industriel, Sopra Stéria dans le cadre de son offre sur CS Group, était de 79,70% par rapport au cours de bourse spot.
• Des demandes de retrait de cote importantes à l’issue des OPA : En dehors de 2 opérations, tous les initiateurs souhaitaient réaliser un retrait de cote de la cible à l’issue de l’offre. Seules les opérations sur Intrasense par le groupe Guerbet et l’OPA de Bolloré sur Bolloré n’ont pas fait l’objet de demande de retrait. Ces deux opérations restent singulières avec pour Intrasense un capital éclaté, l’initiateur a pris une 1ère participation via une opération d’augmentation de capital avant de lancer son offre. En ne détenant que près de 40% du capital à l’ouverture de l’offre, le seuil des 90% paraissait difficile à atteindre dans un 1er temps. Concernant l’OPA du groupe Bolloré, elle a été initiée par Bolloré elle-même dans le cadre de son programme de rachat d’actions et ne visait donc pas plus de 10% du capital.
Au cours du S1 2023, les OPA ont une fois de plus été plus nombreuses que les introductions en bourse (15 IPO dont 11 transferts de marché). Les annonces se sont également multipliées début juillet, avec trois nouveaux projets déposés par l'actionnaire de référence (pour Boiron et Ober) et une offre industrielle (d'Evolis). Si la tendance boursière des Smallcaps perdure, de nouvelles offres publiques devraient se manifester, tant de la part de l'actionnaire de référence que des industriels.