Dans le contexte de tendance baissière que nous connaissons sur les marchés boursiers (-17,28% depuis le 1er janvier 2022 pour le CAC et -14,51% pour le CAC Mid & Small), l’OPRA (Offre Publique de Rachat de ses propres Actions par une société) pourrait bien être une réelle opportunité pour certains émetteurs d’Euronext et Euronext Growth.
De quoi s’agit-il ?
L'OPRA consiste pour une société cotée à racheter ses propres actions sur le marché, pendant une durée minimum de 20 jours de bourse, pour les annuler dans une proportion supérieure aux 10% du capital concernés par les programmes de rachat d’actions. Au travers de cette opération, l’émetteur agit donc directement sur son capital, réduisant ainsi le flottant de la société.
Conditions préalables au lancement d’une OPRA :
Principales caractéristiques d’une OPRA:
Des avantages non négligeables, principalement dans l’intérêt des actionnaires :
L’OPRA peut également être une première étape vers la sortie de bourse avec pour objectif de racheter le flottant sans que les actionnaires aux commandes de la société n’apportent.
Chez Euroland Corporate, nous considérons qu’une OPRA, réalisée dans de bonnes conditions et au bon moment, est une opération win-win : soit les actionnaires apportent à l’offre, empochant ainsi une plus-value par rapport au cours de bourse de référence et il y a relution des actionnaires « historiques », soit ils n’apportent pas et, généralement, le cours se réajuste au niveau de celui de l’OPRA.
Si les OPRA ont été peu nombreuses depuis 2019, notamment suite aux effets cumulés de la pandémie de COVID-19 et de hausse des cours, la période de baisse généralisée des marchés que nous connaissons ces dernières semaines pourrait susciter des vocations, de nombreuses sociétés cotées ayant engrangés de la trésorerie suite à la sortie de crise.
La French Tech, traditionnellement décrite comme un écosystème dynamique et en pleine croissance, traverse aujourd’hui une phase délicate. Le financement en amorçage, autrefois moteur essentiel pour l’émergence de nouvelles pépites, montre des signes d’essoufflement. Si l’IA et quelques secteurs de niche continuent d’attirer les capitaux, les investisseurs, eux, semblent devenus plus sélectifs, prudents, voire frileux.
Dans un article paru dans Les Echos du 21 octobre 2024 à retrouver ici : French Tech : ralentissement du financement en amorçage | Les Echos, il est fait état des arbitrages que doivent effectuer de plus en plus de fonds de capital-risque, notamment en early stage, entre :
Ce dilemme résulte, dans un premier temps, de l’augmentation de la durée nécessaire pour que les fonds finalisent leurs levées mais également d’une pénurie de projets véritablement innovants dans des secteurs clés tels que le logiciel.
Les investisseurs peinent à trouver des dossiers suffisamment attrayants justifiant des valorisations élevées, à l’exception notable des initiatives en IA. Ainsi, certains projets ont su fédérer des investisseurs pour obtenir des millions d’euros de financement, signe que les projets de qualité continuent d’attirer l’intérêt, mais qu’ils se raréfient.
Ce ralentissement du financement impacte directement la dynamique entrepreneuriale en France. Il y a encore quelques années, des entrepreneurs pouvaient lever facilement plusieurs millions d’euros sur des promesses souvent portées par un simple slideshow. Aujourd’hui, cette époque paraît révolue, la surabondance de capitaux post-Covid ayant laissé place à un besoin de rigueur et de performances tangibles.
Les exigences des fonds ont été relevées, souvent en réponse à des investissements passés ayant failli à tenir leurs engagements. Fini l’époque où l’argent coulait à flots sur la base d’un business plan non rentable à long terme ! Désormais les investisseurs se sont remis à faire ce pour quoi ils sont excellents : analyser, comparer, évaluer leur couple risques/gains et déterminer s’ils vont investir ou pas dans un projet.
Ce pivot, retour naturel à ce qui a fait certaines des plus belles réussites de l’écosystème entrepreneurial français reflète les tensions croissantes induites par un modèle de financement essentiellement basé sur la dette et la faible rentabilité de nombreuses start-up.
Une voie alternative existe pour les start-up en quête de capitaux et chez Euroland Corporate nous en sommes un des fervents défenseurs : l’introduction en bourse.
Alors que les financements privés deviennent plus exigeants, l’introduction en bourse, notamment sur des plateformes telles qu’Euronext Growth, représente une option de plus en plus attractive pour de nombreuses jeunes entreprises. On l’a vu notamment avec le projet d’IPO de la société LightOn annoncé il y a une semaine.
Cette solution permet non seulement de lever des fonds auprès du public, mais aussi d’accroître leur visibilité, d’attirer de nouveaux investisseurs et de diversifier leurs sources de financement. Pour les entreprises ayant atteint une taille critique et un niveau de maturité suffisant, le marché boursier peut offrir une issue viable pour pallier la diminution des financements privés.
Tout est question d’adéquation : comme nous l’avons souligné à plusieurs reprises dans nos Questions Corporate, il est essentiel d’adapter la levée de fonds et la valorisation proposée lors de l’IPO pour garantir un véritable partage de la valeur avec les investisseurs. Cela constitue une des clefs du succès pour toute introduction en bourse.
Le constat est finalement sans appel : en période de vaches maigres seuls les dossiers les plus solides, même risqués, continueront à attirer des financements et la course aux dossiers « quoi qu’il en coûte » laissera sur le bas-côté les entreprises les moins prometteuses ou les moins ambitieuses.
Avec la montée en puissance des réseaux sociaux comme X (anciennement Twitter), LinkedIn, ou encore Meta, les informations financières des sociétés cotées et les déclarations de leurs dirigeants circulent désormais en temps réel à travers le monde, touchant ainsi des millions de personnes instantanément.
Mais cette diffusion ultra-rapide n’est pas sans danger. Les réseaux sociaux, bien qu’indispensables à la communication moderne, peuvent avoir un impact direct et souvent imprévisible sur les cours de bourse.
Les bonnes pratiques à adopter
En France, certaines règles strictes encadrent l’utilisation des réseaux sociaux par les entreprises cotées. Voici un rappel des principales pratiques à suivre pour éviter les dérapages :
Quand les réseaux sociaux influencent les marchés : un risque croissant
Aux États-Unis, la SEC (Securities and Exchange Commission) autorise déjà la diffusion d’informations réglementées via les réseaux sociaux, ce qui pose de nouvelles questions sur l'impact potentiel de ces canaux. En France, bien que cette pratique soit encadrée, les risques persistent.
Voici quelques-uns des principaux dangers identifiés :
La responsabilité des dirigeants sur les réseaux
Les dirigeants restent pleinement responsables de leurs prises de parole sur les réseaux sociaux, même lorsqu’ils s’expriment via leurs comptes personnels. Avec une audience potentiellement mondiale, chaque déclaration peut avoir des répercussions considérables sur le marché.
Quant aux utilisateurs des réseaux sociaux, ils sont de plus en plus influencés par les avis d’autres internautes. Les opinions exprimées via un post ou un tweet peuvent rapidement influencer le jugement des investisseurs, brouillant leur indépendance décisionnelle au profit de la voix de la majorité ou d’une figure influente.
Une vigilance accrue de la part des régulateurs
En France, l’AMF (Autorité des marchés financiers) surveille de près l’usage des réseaux sociaux pour éviter toute dérive ou manipulation excessive des marchés. Si ces canaux sont aujourd’hui incontournables, il est essentiel de les utiliser avec discernement et précaution.
Chez Euroland Corporate, nous encourageons l’utilisation des réseaux sociaux pour communiquer, mais rappelons l'importance de respecter les bonnes pratiques afin de protéger l’entreprise et ses parties prenantes des risques financiers et réputationnels.
Dans une précédente Question Corporate de mars 2023 ici nous évoquions les propositions relatives à la mise en place de l’Union des marchés de Capitaux (UMC) visant notamment à simplifier l'accès aux marchés de capitaux européens pour les PME.
Dans le cadre des réformes continues visant à dynamiser les marchés financiers européens, une série de nouvelles dispositions concernant l’exemption d’établissement de prospectus est en préparation. Ces mesures, portées par le futur Listing Act européen, sont particulièrement attendues par les acteurs du marché, notamment les petites et moyennes entreprises cotées. Elles touchent directement à l’objectif de simplification des levées de fonds sur les marchés boursier pour les smallcaps, tout en maintenant un niveau de transparence adéquat pour les investisseurs.
Contexte et enjeux
La règle de base veut que, pour faire une offre ouverte au public les entreprises cotées doivent établir un prospectus approuvé par l’AMF. Il existe déjà en France un certain nombre d’exemptions à cette obligation en fonction du marché sur lequel la société est cotée et de la taille de l’opération.
Bien que ce cadre réglementaire vise à protéger les investisseurs en assurant un haut niveau de transparence, il constitue encore un frein financier et administratif, notamment pour les petites entreprises cotées, l’établissement d’un prospectus complet représentant un coût souvent significatif en termes de temps et d’investissement.
La réforme proposée dans le cadre du Listing Act vise à assouplir ces exigences, en permettant aux entreprises d’échapper à l’obligation de publier un prospectus dans plusieurs cas spécifiques. L'une des principales dispositions concerne l'élargissement de l'exemption à l’établissement d'un prospectus pour les petites offres ainsi que pour les opérations représentant moins de 30 % des titres déjà émis.
Vers une simplification bienvenue
Désormais, les entreprises cotées pourront profiter d’une exemption à l’obligation d’établir un prospectus :
Ces évolutions seront particulièrement bénéfiques pour les PME, qui ont souvent recours à de petites émissions pour financer leur croissance. Elles allègent non seulement les coûts liés à l’émission de nouveaux titres, mais simplifie également les démarches réglementaires de l’entreprise.
Quelles conditions pour bénéficier de ces exemptions ?
Il est important de noter que l’exemption n’est pas absolue. Les entreprises qui souhaitent en bénéficier devront publier un document de synthèse d’environ 11 pages, détaillant les risques liés à l’opération, les raisons de l’émission, et les principales informations financières. Bien que plus léger qu’un prospectus traditionnel, ce document devra tout de même respecter un certain formalisme et être déposé auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF), sans pour autant nécessiter son approbation préalable.
Vers une bourse plus attractive pour les PME ?
Ces nouvelles dispositions, bien qu’encore en attente de validation finale par le Parlement européen, s’inscrivent dans une volonté plus large de rendre les marchés financiers plus accessibles aux petites et moyennes entreprises. L’objectif est clair : favoriser l’attractivité de la bourse pour les PME, en facilitant leur accès aux capitaux tout en réduisant les lourdeurs administratives.
Le relèvement des seuils d’exemption et l’élargissement des conditions d’exemption pour les petites opérations marquent une étape importante vers un cadre plus souple et adapté aux besoins des entreprises en croissance. Si cette simplification devrait encourager un plus grand nombre de PME cotées à envisager des émissions de titres secondaires, elle pourrait soulever aussi des questions quant à la protection des investisseurs, qui devront redoubler de vigilance en l’absence de documents aussi détaillés qu’un prospectus classique.
Selon nous, ce questionnement légitime n’est pas vraiment de mise. En effet, le sujet ici est la possibilité de rendre plus simples et moins onéreuses les opérations secondaires et de taille modeste (moins de 30% du capital et moins de 12M€) pour des entreprises déjà cotées en bourse et qui se conforment donc normalement à leurs obligations d’informations permanentes et périodiques.
Chez Euroland Corporate, nous attendons avec impatience l’application de ces évolutions à venir qui devraient indirectement développer l’attrait des PME pour les marchés des capitaux, encourageant ces dernières à franchir le pas vers une cotation en bourse pour favoriser la diversification de leurs sources de financement.
Le Russell 2000 : Un indice en quête de renouveau ?
Vous connaissez sûrement le CAC Mid & Small et Euronext Growth, mais êtes-vous familier avec le Russell 2000, le cœur battant des petites capitalisations américaines ? Souvent éclipsé par les géants que sont le Nasdaq et le S&P 500, cet indice incarne pourtant l'essence même de l'innovation et de la résilience des petites entreprises. Alors que le Nasdaq, dominé par les grandes valeurs technologiques, a atteint des sommets historiques, le Russell 2000 peine à suivre. Le vent pourrait néanmoins tourner avec les perspectives économiques et monétaires actuelles, qui permettraient d’offrir à ces petites capitalisations une nouvelle dynamique.
Qu’est-ce que le Russell 2000 ?
Créé en 1984 par Frank Russell Company, le Russell 2000 a été conçu pour suivre la performance des petites entreprises cotées aux États-Unis. Cet indice regroupe les 2 000 plus petites entreprises du Russell 3000, qui couvre presque 100 % du marché boursier américain. Le Russell 2000 représente environ 7% de la capitalisation totale de ce dernier. Contrairement aux multinationales du Nasdaq et du S&P 500, souvent tournées vers l’international, les sociétés du Russell 2000 sont fermement ancrées dans le tissu économique domestique, reflétant les dynamiques de croissance locale et l'évolution des conditions économiques américaines. Tout comme le CAC Mid & Small en France, qui capte la dynamique des moyennes et petites entreprises françaises, le Russell 2000 joue un rôle clé dans la mesure de la santé des petites capitalisations américaines. Cependant, il existe une différence significative en termes de taille d'entreprises : la capitalisation moyenne d'une entreprise du CAC Mid & Small est d'environ 1,6 milliard d'euros, tandis que sur le Russell 2000, elle est proche de 3 milliards de dollars (environ 2,8 milliards d'euros).
Une histoire ancrée dans l’économie américaine
L’histoire du Russell 2000 est jalonnée de périodes où il a joué un rôle essentiel en révélant des entreprises qui allaient devenir des leaders industriels. Par exemple, dans les années 1990, avec l'émergence du secteur technologique, des entreprises comme Amazon, Netflix, et Tesla ont d’abord été incluses dans cet indice, à une époque où elles étaient encore de petites capitalisations. Ce rôle de tremplin pour les futures grandes entreprises reste une caractéristique clé du Russell 2000, un indice qui permet aux investisseurs de détecter les pépites à fort potentiel avant qu'elles n'intègrent des indices de plus grande envergure comme le Nasdaq ou le S&P 500.
Au fil des années, le Russell 2000 s'est imposé comme l’indice de référence pour les petites capitalisations américaines. Sa pondération annuelle, qui a lieu en juin, garantit qu’il reste toujours représentatif des plus petites entreprises cotées aux États-Unis, tandis que ses sous-indices, comme le Russell 2000 Growth Index et le Russell 2000 Value Index, permettent aux investisseurs de choisir entre des stratégies de croissance ou de valeur. Le Russell 2000 reste aujourd'hui un acteur incontournable pour tout investisseur à la recherche d’exposition aux petites capitalisations. Il est largement utilisé comme référence pour des fonds indiciels et des ETF (fonds négociés en bourse), notamment via des produits tels que l’iShares Russell 2000 ETF, qui permettent de répliquer la performance de l’indice tout en diversifiant les portefeuilles.
Figure 2 – Evolution des grands indices américains depuis 2020. NDQ100, SPX et RUT correspondent respectivement au Nasdaq 100, au S&P 500 et au Russell 2000 (TradingView au 27.09.24)
La baisse des taux, un bol d’air pour les petites capitalisations Bien que le Russell 2000 a souffert ces dernières années, notamment face à la domination des valeurs technologiques du Nasdaq, l’avenir pourrait s’annoncer plus favorable. Avec une inflation maîtrisée, un marché du travail en ralentissement et une consommation en berne, la Fed a surpris les marchés en septembre avec une première baisse de taux directeurs depuis 2020. Après une série de 11 hausses consécutives en 2022 et 2023 pour contrer une inflation galopante, la Fed a décidé de réduire ses taux de 0,5 point de pourcentage, au lieu des 0,25 points anticipés par les analystes. Cette réduction, qui ramène le taux directeur à une fourchette de 4,75 % à 5 %, est une réponse directe à une inflation désormais proche de 2 %, mais également à un taux de chômage en hausse, passé de 3,4 % en avril 2023 à 4,2 % en août 2024.
Figure 3 - Evolution des taux directeurs de la FED & de l'inflation aux USA depuis 2020. USINTR et USRYY correspondent respectivement à l’évolution du taux directeur de la FED et à l’évolution de l’inflation américaine (TradingView au 27.09.24)
Les petites capitalisations, telles que celles regroupées au sein du Russell 2000, tirent un avantage crucial des baisses de taux d'intérêt. Contrairement aux grandes entreprises du S&P 500, ces sociétés sont souvent plus endettées et possèdent une part importante de leur dette à taux variable. Lorsque la Réserve fédérale réduit les taux, le coût de ces emprunts diminue, leur permettant de refinancer leur dette à moindre coût et d’alléger leur charge financière, libérant des ressources pour investir dans leur expansion, l'innovation ou simplement pour renforcer leur trésorerie.
Historiquement, ces périodes de politique monétaire accommodante ont souvent permis au Russell 2000 de surperformer les indices des grandes capitalisations. En attirant les investisseurs en quête de rendement dans un environnement de taux bas, les small caps voient leur valorisation grimper, leur offrant une visibilité accrue sur les marchés. Ce phénomène a déjà été observé dans les années 1980 et plus récemment durant la crise COVID de 2020, où les petites capitalisations ont souvent profité d'un regain d'intérêt, devenant le terrain de jeu privilégié des investisseurs à la recherche de croissance et de diversification.
Figure 4 - Données du 1/5/1980 au 31/3/2022 (12 mois après la dernière baisse de taux). Source : American Century Investments avec Factset. Les actions à petite et grande capitalisation sont représentées respectivement par l'indice Russell 2000 et l'indice Russell 1000.
Conclusion
Longtemps relégué au second plan, le Russell 2000 pourrait revenir prochainement sur le devant de la scène. Dans un contexte de détente monétaire, les petites capitalisations, malgré leur volatilité, offrent un potentiel de croissance indéniable. Comme le CAC Mid & Small en France, cet indice reste un moteur d'innovation et un vivier pour les entreprises en plein développement. Si le Nasdaq a dominé ces dernières années, le Russell 2000 pourrait bien redevenir un acteur clé de la bourse américaine.
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Depuis cinq ans, le marché des small caps est en difficulté, avec une sous performance marquée des indices engendrant une pénurie d’IPO et une succession de retraits de cote. Le rebond des marchés Smallcaps pourrait provenir du retour des introductions en bourse, apportant de nouvelles idées d’investissement aux gérants. Les IPO pourraient aussi répondre à un besoin urgent de liquidités pour un autre groupe d’investisseurs : les fonds de capital-risque (VC).
Il est essentiel de comprendre que les investisseurs en capital-risque et les investisseurs boursiers n’ont pas les mêmes objectifs. Les VC, qui soutiennent les startups dès leurs premières phases de développement, ont besoin de liquidité pour offrir des retours à leurs investisseurs et financer de nouvelles entreprises.
De leur côté, les investisseurs boursiers recherchent des opportunités dans des sociétés plus matures et rentables. Ce qui réunit ces deux mondes, c’est l’importance des IPO : elles permettent aux VC de réaliser leur retour sur investissement en introduisant leurs startups sur le marché public, tout en offrant aux investisseurs boursiers de nouvelles opportunités d’investissements.
Si on ne souhaite pas répéter les erreurs du passé, plusieurs conditions doivent être réunies pour faire réussir les IPO et répondre aux objectifs de performance des investisseurs boursiers et de liquidité des fonds VC :
Il est donc crucial de se concentrer sur la sélection de sociétés rentables, ayant atteint un stade de maturité suffisant pour une entrée en bourse réussie. Les secteurs comme la transition environnementale, le SaaS, l’IA et la healthtech sont des candidats naturels pour ces IPO.
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Dans une lettre ouverte en date du 3 septembre 2024, adressée aux ministres des finances de l'Union européenne et à la Commission européenne (voir le document ici : Europe needs to keep its best Tech IPOs at Home), Euronext, Deustsche Börse, France Digitale, Federation of European Securities Exchanges et quelques autres mettent en avant la nécessité de retenir les introductions en bourse des meilleures entreprises technologiques européennes sur des marchés européens plutôt que de les laisser partir aux États-Unis.
Les signataires soulignent que, bien que l'économie américaine offre des avantages tels qu'une meilleure valorisation et des capitaux disponibles d’un montant bien supérieur, le choix pour les belles entreprises technologiques européennes de se coter sur les marchés américains représente une perte économique considérable pour l'Europe, évaluée à 439 milliards de dollars depuis 2015 dans un rapport publié par McKinsey en juin 2024.
Nous ne pouvons que partager le constat selon lequel les places financières européennes, et notamment la place de Paris, ne présentent, aujourd’hui, pas toujours l’attrait nécessaire et suffisant pour retenir les meilleurs candidats à l’introduction en bourse. Ces derniers, lorsqu’ils sont les « best in class » de leur secteur, privilégient souvent les marchés américains réputés plus liquides et valorisant mieux.
Ce n’est pas la première initiative du genre que la France et/ou l’Europe a connu mais c’est la première fois que l’accent est mis de façon si explicite sur ce qu’on pourrait appeler un « protectionnisme boursier européen » avec comme objectif assumé de mettre en place les conditions permettant à nos fleurons technologiques européens de se financer sur les marchés de capitaux de l’Union afin de faire bénéficier leurs succès à venir aux investisseurs institutionnels et particuliers domestiques et non plus principalement aux intérêts américains.
Cette tribune appelle à la mise en place d’actions concrètes pour que l'Union des marchés de capitaux aboutisse enfin et propose quatre volets principaux afin de créer un environnement européen de cotation compétitif et intégré pour soutenir les entreprises technologiques les plus prometteuses du continent :
Les lignes directrices des propositions évoquées, si elles relèvent du bon sens et peuvent paraitre évidentes à tous, présentent néanmoins, selon nous, des lacunes ou dangers que nous pouvons résumer en 3 points de présenter :
Chez Euroland Corporate, nous sommes favorables à ce que ces propositions, qui permettent de développer l’attrait des entreprises pour les marchés des capitaux domestiques, encouragent ces dernières à franchir le pas vers une cotation en bourse en Europe au détriment des Etats-Unis et favorisent la diversification de leurs sources de financement, soient rapidement retenues dans les prochaines réglementations, mais il nous semble également important qu’elles ne ciblent pas que les grosses entreprises technologiques qui bénéficient déjà de nombreux avantages. Nous pensons en effet, avec de nombreux opérateurs de place, qu’une vraie politique incitative peut être profitable à l’ensemble de notre écosystème européen, mais qu’elle doit inclure toutes les entreprises quelles que soit leur taille, leur secteur d’activité ou le marché sur lequel elle envisage de se coter.
Et si c’était vrai ? Si, en dépit d’un contexte macroéconomique et politique toujours instables, d’une liquidité toujours faible, d’un relèvement du seuil de capitalisation pour le PEA-PME, le marché des small caps renouait avec un nouveau cycle de croissance et de création de valeur.
Plusieurs éléments contribuent à appréhender positivement l’avenir pour cette classe d’actifs, souffrant de la désaffection des investisseurs, et notamment :
Ces éléments, à eux seuls, ne suffiraient à garantir l’inversion de tendance.
Deux facteurs sont essentiels à ce nouveau cycle :
1/ Le retour des investisseurs, et en particulier professionnels
2/ Le retour des introductions en bourse
Le premier permettra le second ; ou le second le premier. L’œuf ou la poule ?
1/ Le retour des investisseurs
Deux principales catégories interviennent sur le marché des small caps : les particuliers, dont le nombre a augmenté depuis 2020 et le profil a évolué, et les institutionnels, qui ont vu leurs encours diminuer depuis fin 2018. Absence de collecte, voire décollecte, associée à la baisse des cours de bourse, ont eu un impact significatif sur les interventions des professionnels les incitant à investir davantage dans des entreprises aux capitalisations plus élevées et à la liquidité plus forte, afin de réduire le risque.
En plus de ces deux catégories, le marché des small caps commence à intéresser davantage une nouvelle classe d’investisseurs, les entrepreneurs. Des entrepreneurs qui voient dans le marché des small caps cotées une opportunité d’investir au capital de sociétés dont ils peuvent connaitre et comprendre les enjeux et s’identifier au management, très souvent lui-même entrepreneur.
De nouveaux investisseurs, associés à des initiatives à l’image de celles de la CDC concernant un fonds de place dédié à cette classe d’actifs, seront l’huile dans le moteur du redémarrage.
2/ Le retour des introductions en bourse
Le segment des small caps a besoin de nouvelles sociétés, de projets de croissance, pour compenser le départ de toutes celles qui ont fait le choix d’un adossement industriel, ou d’avoir pour actionnaire un ou des fonds de private equity.
Avec un pré requis : éviter les écueils passés. Ainsi, une vigilance accrue devra être portée aux prix d’introduction en bourse, comme aux montants levés. Les deux étant souvent liés. Car la multitude d’IPO aux valorisations stratosphériques basées sur des business plans farfelus ont contribué à décourager les investisseurs de cette classe d’actifs.
En revanche, une belle entreprise porteuse d’un projet de croissance cohérent, au modèle économique prouvé, saura toujours séduire des investisseurs. L’introduction en bourse doit se faire pour un montant de levée et sur une valorisation en cohérence avec la taille de l’entreprise, permettant ainsi aux investisseurs de porter le risque en cas de décalage, souvent avéré, dans le plan d’exécution promis au moment de l’introduction en bourse.
Les actionnaires de la société STIF, qui s’est introduite en décembre 2023, pourront témoigner de la pertinence de ce principe.
De nouvelles introductions contribuent à l’attractivité du marché, en faisant venir de nouveaux investisseurs. Lesquels font venir des nouveaux candidats en bourse ! Un cercle vertueux pour un nouveau cycle porteur !
Un cycle qui permettra à des entreprises de croitre, de se structurer, de communiquer et de créer de la valeur pour leurs actionnaires. A l’image de sociétés comme Visiativ, introduite en 2014 à 10,86 € lorsque le CA faisait 50 M€ de revenus, et qui quitte la bourse 10 ans plus tard au prix de 37 € par action, lorsque qu’elle réalise près de 300 M€, avec l’OPA du Groupe SNEF.
C'est tout pour aujourd'hui !
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Le 13 juin 2024, la loi d'Attractivité de la place de Paris a introduit des modifications majeures aux critères d’éligibilité des sociétés au PEA-PME. Cette réforme stratégique vise à renforcer l'attractivité de la France en élargissant le financement des petites et moyennes entreprises (PME) ainsi que des entreprises de taille intermédiaire (ETI).
Qu’est ce que le PEA PME ?
Créé en 2014, le Plan d'Épargne en Actions pour Petites et Moyennes Entreprises (PEA-PME) est un dispositif conçu pour encourager l'investissement dans les PME et ETI françaises et européennes. En offrant un cadre fiscal avantageux, le PEA-PME soutient les entreprises innovantes en pleine croissance tout en permettant aux investisseurs de diversifier leur portefeuille.
Initialement, pour être éligible au PEA-PME, une société devait répondre à une série de critères stricts :
Une simplification majeure des critères
Afin de rendre le PEA-PME plus attractif et accessible à un plus grand nombre d’entreprises, les critères d’éligibilité ont été considérablement simplifiés.
Désormais, seuls deux critères doivent être remplis :
Les autres critères, tels que l’effectif, le chiffre d’affaires, le total bilan, et l’actionnariat, ont été supprimés, permettant à un plus grand nombre de sociétés de bénéficier du dispositif.
Quelles conséquences ?
L’impact de cette réforme est significatif. Euronext a publié, le 19 août 2024, une liste indicative de 1 444 sociétés éligibles au PEA-PME, contre environ 400 avant la modification des critères. Cette expansion du nombre d'entreprises éligibles offre aux investisseurs un éventail beaucoup plus large d'opportunités d'investissement.
Cependant, cette simplification pourrait aussi entraîner des effets moins désirables. Avec l'augmentation du plafond de capitalisation, les flux d’investissement pourraient se concentrer sur les entreprises proches du nouveau plafond, qui sont par nature plus liquides et perçues comme moins risquées. Cela pourrait détourner l'intérêt des investisseurs des Smallcaps, ces petites sociétés qui ont longtemps été au cœur du dispositif PEA-PME.
Les Smallcaps, traditionnellement plus vulnérables en termes de liquidité et de visibilité, pourraient ainsi voir une baisse de soutien, ce qui pourrait avoir des conséquences négatives sur leur développement et leur capacité à lever des fonds sur les marchés. Il sera donc crucial de suivre de près l'évolution de la collecte du PEA-PME dans les mois à venir pour évaluer pleinement l'impact de cette réforme sur l'écosystème des PME ETI.
Les programmes de rachat par les sociétés cotées de leurs propres actions (actions autodétenues ou d’autocontrôle) sont une pratique courante, bien que strictement encadrée par la Directive MAR (Abus de Marché) de 2014 et les législations nationales. Ainsi, en France, une société ne peut pas détenir plus de 10% de ses propres actions.
Ces programmes d’acquisition d’actions sur le marché permettent aux entreprises de répondre à différents objectifs prévus par dans résolution d’assemblée générale des actionnaires.
Les objectifs affichés par la Société consistent généralement à :
L’article L22-10-62 du Code de commerce, qui régit l’acquisition de ses propres actions par une société dont les actions sont admises aux négociations, précise que « L'acquisition, la cession ou le transfert de ces actions peut être effectué par tous moyens. ».
Ainsi, la Société peut tout à fait céder ses actions autodétenues sur le marché.
Méthodes possibles de cessions par une société cotée de ses actions d’autocontrôle
La cession par une société française cotée de ses actions autodétenues peut se faire à la fois sur le marché auprès de l’ensemble des investisseurs intéressé ou au travers d'un placement privé, tel qu'un "Accelerated Book Building" (ABB).
Lorsqu'une société cotée vend ses actions en bourse, elle les met à disposition de l’ensemble des investisseurs intéressés, pendant une période et à un prix déterminés, en se faisant accompagner d’un intermédiaire financier (broker).
Une telle opération peut prendre du temps en fonction du nombre d’actions à céder et du prix de ces dernières. En fonction de la liquidité du titre, cette méthode peut avoir un impact sur le cours de l’action, l’augmentation de l’offre de titres à vendre pouvant entrainer une chute du prix de l’action.
L’option de cession de l’autocontrôle au travers d’un placement privé permet de rechercher une conclusion plus rapide de l’opération. Ici, l’intermédiaire financier en charge du placement va au préalable sonder des investisseurs institutionnels sur leur intérêt pour l’action.
Une fois cet intérêt acquis avec un ou plusieurs investisseurs, et le prix d’acquisition des actions autodétenues déterminé, le placement privé peut être lancé et sera débouclé dans un laps de temps très court. Dans le cas d’un ABB la cession des actions se fait en quelques heures après la séance boursière, rendant cette méthode particulièrement performante pour l’entreprise.
Ce procédé permet de céder l’ensemble des actions au même prix, contrairement à la cession sur le marché qui est réalisée en cours de séance, généralement sur plusieurs jours, et donc à des prix pouvant diverger. Elle présente, néanmoins, le risque de ne pas obtenir un prix satisfaisant, les investisseurs intéressés pouvant demander une décote, de l’ordre de 10 à 25%, par rapport au dernier cours coté avant la réalisation de l’ABB.
Quels sont les avantages d’une telle cession ?
Pour que la cession par une société cotée de tout ou partie de ses actions autodétenues soit intéressante, il faut que celle-ci se fasse à un prix par action supérieur au prix d’acquisition moyen des actions d’autocontrôle.
Dès lors, la cession d’autocontrôle permet :
Nous recommandons à toutes les sociétés cotées détenant un nombre significatif d'actions propres d’élaborer une stratégie appropriée afin d'optimiser la valeur de ces actions.