En avril, le CAC 40 augmente de +2,8 %, pour clôturer à 7 588,86 points. Dans son sillage, le CAC Mid & Small se bonifie de +3,3 %, et se situe désormais à 13 175,92 points.
Sur le mois, les ESN (Entreprises de Services du Numérique) s’inscrivent en baisse (-0,3 %). Le secteur du Digital quitte la neutralité (-1,4 %), tandis que les éditeurs de logiciels baissent légèrement (-0,2 %).
Ce mois ci notre échantillon d’ESN s’inscrit en baisse (-0,3%). Capgemini grimpe modestement de +1,3 %, porté par des ventes du premier trimestre 2025 en hausse de +0,5 %. La société confirme ses objectifs annuels, grâce à une forte demande dans le Cloud, la Data et l’IA. À l’inverse, Atos recule de -8,3 %, pénalisé par un CA T1 2025 en repli de -15,9 %. Le cours de la société est également pénalisé par l’effet technique de son reverse stock split finalisé fin mars. Au sein des plus petites ESN, Sword Group se distingue avec une progression de +1,8 %. La société profite d’un T1 2025 en forte croissance avec une augmentation des revenus de +11,8 % à périmètre constant et l’acquisition de la micro-entreprise écossaise iDelta, renforçant son expertise en IA et cybersécurité.
Les éditeurs de logiciels ont eux aussi connu un mois d’avril très contrasté (-0,2%). Dassault Systèmes recule de -5,9 %, pénalisé par la révision à la baisse de ses perspectives de marge opérationnelle 2025 (rabotée à +50–70 pts de base contre +70-100 pts précédemment) en raison d’une volatilité accrue et d’un allongement des cycles de décision chez ses grands comptes. Lectra plonge de -14,2 % après la révision à la baisse de sa guidance annuelle, liée à la faiblesse de la demande dans l’automobile et la mode. De son coté, BroadPeak s’envole de +41,9 % suite à l’annonce de son chiffres d’affaire du premier trimestre. En détail le résultat par zone est contrasté l’EMEA fait +7,5 %, l’Amériques -21 % et l’APAC ×3,6. Pour finir l’entreprise confirme un EBITDA positif en 2025 avec un objectif 2027 de marge d'EBITDA de 15 %. Wallix Group surprend également et gagne +23,0 %, porté par des revenus mensuels récurrents en hausse de +24,4 % à fin 2024. Leurs résultat d’exploitation et résultat net sont positifs au S2 2024 grâce au levier opérationnel et à la maîtrise des charges. Enfin Equasens progresse en bourse de +18,7 % suite à l’entrée en négociation exclusive pour l’acquisition de deux activités logicielles stratégique.
Sur le mois d’avril notre échantillon de valeurs digitales enregistre un retrait (-1,3%). Les acteurs de ce segment ont donc connu un mois particulièrement disparate : Reworld Media progresse de +9,7 % en bourse à la faveur d’une publication de résultats bien accueillie par le marché. Kumulus Vape gagne +2,8 % sur le mois, soutenu par un exercice 2024 où le résultat net bondit de +41 %. À l’inverse, OBIZ plonge de -21,5 %, en raison d’une baisse de sa rentabilité opérationnelle, principalement imputable aux hausses tarifaires pratiquées par ses partenaires. Ainsi l’EBITDA a chuté à 1,2 % du CA contre 2,7% l’an dernier. D’autre part la mise en place de « waivers » fin avril auprès de ses prêteurs n’a pas suffi à rassurer les marchés. SRP Groupe recule de -13,0 % à cause de la pression sur ses marges avec un EBITDA 2024 en recul de -15,0 %. Pour terminer ISPD Network perd -8,7 % après un CA pro forma sur le T1 en retrait de -6,0 % et un EBITDA qui se contracte de -44 %. Cependant, l’entreprise a confirmé les perspectives encourageantes du marché américain, l’un des plus importants au monde.
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L’IA générative devient un canal d’accès direct à l’information, aux produits… et aux revenus. Avec le lancement par OpenAI du shopping intégré dans ChatGPT et l’arrivée imminente de Google AI Overviews en France, une nouvelle phase s’ouvre : celle de la désintermédiation massive. Les plateformes d’IA ne redirigent plus, elles absorbent.
En effet l’inquiétude est palpable chez les éditeurs : près de 70 % du trafic vers les sites d’actualité provient de Google, en particulier via Discover. Or, les résumés générés par les IA répondent souvent sans inciter au clic. Pire : les études montrent que les chatbots se trompent régulièrement dans l’attribution des sources, minant la crédibilité et la monétisation des contenus.
Un acteur comme Le Monde, partenaire d’OpenAI, voit pour l’instant une hausse marginale du trafic, mais mise sur des taux de conversion à l’abonnement plus élevés. Ce modèle peut-il s’étendre ? Rien n’est moins sûr. L’équilibre économique des médias qui est déjà sous pression est en train de se fissurer.
Les groupes cotés comme New York Times ou Axel Springer génèrent une part significative de leur chiffre d’affaires via la publicité numérique (environ 17,5 % pour le NYT). Leur valorisation pourrait souffrir d’un affaiblissement du trafic organique. En Bourse, NYT affiche une performance en recul de plus de -8 % sur 6 mois, signe de la méfiance croissante du marché.
OpenAI pourrait également capter une partie des revenus publicitaires des géants du web. En effet l'entreprise a introduit une fonction shopping directe : ChatGPT proposera des produits issus du web, sans publicité, via un moteur d’indexation propriétaire. Une rupture avec les modèles d’Alphabet et d’Amazon, fondés sur le search sponsorisé.
Alphabet tire encore plus de 75 % de son chiffre d’affaires du search et de la publicité display. L’introduction d’AI Overviews pourrait partiellement cannibaliser ces revenus. Le titre est en retrait de près de -15 % depuis le début de l’année, les analystes restent divisés sur l’impact à moyen terme de l’IA générative sur le modèle économique de Google.
Côté e-commerce, les marketplaces indépendantes sont en première ligne. Shopify et Etsy, deux acteurs historiquement dépendants du référencement organique, pourraient voir leurs coûts d’acquisition évoluer brutalement. Shopify, dont 26 % du chiffre d'affaires provient des abonnements aux marchands, est moins directement exposé au bouleversement du trafic web par l'IA : ses revenus d'abonnement ne dépendent pas du volume de visiteurs, mais de la capacité des commerçants à maintenir leur activité. Toutefois, si les nouveaux parcours d’achat pilotés par l’IA réduisent la visibilité des petits marchands, Shopify pourrait à terme faire face à une hausse du churn sur sa base de clients. Etsy, plus vulnérable car directement lié au trafic grand public, a vu son cours baisser de plus de -33 % en un an, sous l’effet combiné de la pression concurrentielle et de la volatilité du trafic.
Les plateformes d’IA deviennent donc des "méta-distributeurs" de contenus et de produits. L’accès à l’utilisateur devient l’actif stratégique clé. Qui contrôle l’interface, contrôle la chaîne de valeur et qui capte la rente.
L’IA ne redistribue pas seulement le trafic mais elle réorganise le web autour de nouveaux points de contact, avec des implications directes sur les modèles économiques et les valorisations.
Après la fièvre d’une année 2023 exceptionnelle, le marché français du jeu vidéo s’est refroidi en 2024, affichant un recul de 5,8 %, pour s’établir à 5,68 milliards d’euros. Derrière ce repli apparent se joue pourtant une partition plus subtile : celle d’une industrie en transition, revenue à un rythme normal après une frénésie alimentée par la fin des pénuries et un foisonnement inédit de titres phares. Sur les marchés, certains éditeurs cotés ont connu une année difficile, comme Nacon (-63 %), pénalisé par un environnement plus sélectif sur les segments traditionnels, ou encore Ubisoft (-43 %), dont les retards dans les grandes franchises et les arbitrages internes continuent de peser sur la visibilité stratégique. Cependant des acteurs comme Pullup (+38 %) ont suscité l’intérêt des investisseurs grâce au succès commercial de Space Marine 2, porté par une stratégie de lancement bien exécutée.
Source : Rapport 2024 de la SELL, Euroland Corporate
Les consoles sous pression, quelques valeurs résistent
Au cœur de ce réajustement, le segment console — encore majoritaire avec 45% du marché — subit un repli marqué, notamment sur les ventes hardware (-35 %) et software (-12 %). Même les accessoires de jeu, jusqu’ici considérés comme résilients, reculent de -4 %. Pourtant, certains acteurs tirent leur épingle du jeu dans ce contexte. Guillemot Corp, maison mère de la marque Thrustmaster, parvient à se distinguer avec une progression boursière de +4,57% sur l’année. Cette performance, en décalage avec la tendance sectorielle, reflète la force d’un positionnement niche centré sur le simracing, illustré par des ventes au premier semestre qui progressent de 20% pour Thrustmaster.
Source : Rapport 2024 de la SELL, Euroland Corporate
PC et mobile tirent leur épingle du jeu
En parallèle, deux segments moteurs se détachent : le PC gaming, en croissance de 9,1 %, et le mobile, qui franchit un cap historique à 1,6 milliard d’euros (+8,2 %) pour 53 % des parts de marché. Le premier est porté par un cycle de rééquipement robuste (+12 % sur le hardware) et par le succès durable des modèles à micro-transactions. Le second s’impose comme un pilier de rentabilité grâce à une monétisation différée et fondée sur l’engagement. L’exemple de Supercell en 2024 illustre parfaitement cette dynamique : le studio finlandais, connu pour Clash of Clans et Brawl Stars, a réalisé plus de 2,2 milliards de dollars de revenus en progression de +77% par rapport à l’année précédente, porté par la longévité exceptionnelle de ses licences et une stratégie éditoriale ultra-sélective, confirmant ainsi la force du modèle mobile à forte rétention.
Source : DeconstructorofFun, Euroland Corporate
Des fondamentaux solides pour 2025
En somme, 2024 marque moins un recul qu’une étape de transformation. Si les vents contraires à court terme restent présents, les fondamentaux de l’industrie demeurent solides : digitalisation des usages, croissance des revenus récurrents, diversification des supports. Le marché semble préparer le terrain à un rebond possible dès 2025, notamment avec un retour progressif à des calendriers de sorties AAA plus fournis.
Les majors pétrolières vivent une époque paradoxale. Portées par des cours de l’énergie élevés et une discipline financière retrouvée, elles dégagent des niveaux de rentabilité spectaculaires. Mais cette performance masque une tension croissante entre la logique de rentabilité issue des activités fossiles et l’impératif d'investissement dans la transition écologique. Le green, créateur ou destructeur de valeur pour les majors pétrolières ?
Malgré le discours dominant sur la transition énergétique, les majors pétrolières continuent de démontrer lapuissance de leur modèle économique fossile. La hausse structurelle des prix du pétrole et du gaz depuis 2022, combinée à une stratégie de discipline capitalistique post-crise Covid, leur a permis de dégager des niveaux de rentabilité exceptionnels.
Combinée à un retour à l'actionnaire important, que ce soit à travers le versement de dividendes généreux ou des programmes de rachats d'actions, cette solidité opérationnelle s’est naturellement reflétée dans les performances boursières. A l'inverse, le pari de BP, qui a pris plus tôt que les autres le tournant vert, n'a pas fonctionné. Cela traduit, entre autres, le fait que le marché continue de valoriser la capacité à délivrer du cash sur des actifs pétroliers matures, davantage que la promesse d’un repositionnement stratégique dans des segments encore peu rentables.
Investir dans l'avenir ou servir le présent ?
Depuis quelques années, toutes les majors ont annoncé des objectifs de transition énergétique. Mais les trajectoires divergent :
Chevron et ExxonMobil restent fidèles à leur ADN pétrolier, ne se diversifiant que marginalement via le captage de carbone ou les biocarburants.
Ce clivage stratégique reflète une interrogation de fond : le marché est-il prêt à valoriser la transition énergétique ? Pour l’instant, la réponse semble être non. Les efforts de diversification ne génèrent ni prime de valorisation, ni soutien boursier particulier. Au contraire, ils peuvent être vus comme un affaiblissement du modèle historique.
L’arrivée d’Elliott Management au capital de BP illustre cette fracture actionnariale. Le fonds activiste, qui a révélé en mars une participation de près de 5% au capital de la société, a fortement critiqué la dispersion stratégique de l’entreprise, estimant que BP devrait immédiatement céder des actifs liés aux énergies renouvelables, freiner ses dépenses dans les projets greenfield et se recentrer sur son métier historique, le fossile.
Pris dans la tourmente de l'activiste, le président de BP, Helge Lund, a annoncé son intention de quitter ses fonctions, probablement au cours de l'année 2026. Lund avait notamment activement soutenu la stratégie du précédent CEO, qui aurait du amener BP à la neutralité carbone en 2050.
Le cas BP renforce une réalité qui semble pour le moment s'imposer: tant que le pétrole rapporte, la transition est tolérée, mais non valorisée.
Mais ce pari a ses limites. Sur le plan réglementaire, l’Union européenne, la SEC ou encore la taxonomie verte imposent aux entreprises des trajectoires crédibles de décarbonation. Sur le plan concurrentiel, de nouveaux acteurs émergent dans l’électricité, les batteries, les réseaux ou l’hydrogène. Et sur le plan financier, l’accès au capital commence à se conditionner à des objectifs climatiques explicites. Le vrai défi n’est donc pas la rentabilité à court terme. Il est dans la capacité à exister, à l’horizon 2035, dans un monde décarboné, où les hydrocarbures pourraient être structurellement dévalorisés.
Dans le paysage numérique mondialisé, les lignes de faille entre puissances s’accentuent. Tandis que les géants américains du numérique – Apple, Google, Meta et consorts – poursuivent leur domination sur les marchés européens, les autorités françaises multiplient les offensives. Au nom de la concurrence, de la souveraineté et d’un certain modèle de société.
Fin mars, l’Autorité de la concurrence française a sanctionné Apple à hauteur de 150 millions d’euros, reprochant à son dispositif App Tracking Transparency (ATT) de fausser les règles du jeu publicitaire mobile. En contraignant les applications tierces à obtenir le consentement explicite des utilisateurs, tout en continuant à exploiter ses propres données sans les mêmes garde-fous, le groupe à la pomme aurait abusé de sa position dominante. Une première en Europe.
Quelques mois plus tôt, Google avait déjà écopé d’une amende record de 250 millions d’euros, accusé d’avoir utilisé des contenus de presse pour entraîner ses modèles d’intelligence artificielle sans informer ni indemniser les éditeurs concernés. Ce manquement s’ajoute à des engagements non tenus sur les droits voisins, alimentant un climat de méfiance généralisée.
Face à ces dérives, les éditeurs français passent à l’offensive judiciaire. Le Monde, Le Figaro, l’AFP, mais aussi des syndicats de presse, ont engagé des actions contre X (ex-Twitter), LinkedIn ou encore Microsoft, pour non-respect des droits voisins. Objectif : rétablir un rapport de force et imposer une juste rémunération à l’ère de l’IA générative, où les contenus rédactionnels alimentent gratuitement des modèles de plus en plus puissants.
Ces tensions ne sont pas qu’économiques : elles s’inscrivent dans une guerre d’influence numérique de plus en plus vive, notamment vis-à-vis de la Chine. Mais contrairement à ce que suggère parfois le discours occidental, les États-Unis et l’Union européenne n’avancent pas à l’unisson.
Washington privilégie une logique sécuritaire, en témoigne le projet de rachat forcé de TikTok US pour couper tout lien avec la maison mère chinoise ByteDance.
Bruxelles, elle, opte pour une approche normative : RGPD, DSA, DMA, autant de cadres législatifs visant à contraindre les géants à plus de transparence, d’équité, et de responsabilité.
Ce décalage stratégique reflète deux visions du numérique : l’une centrée sur le contrôle, l’autre sur la régulation.
La France, souvent en éclaireur en matière de régulation, espère entraîner ses voisins européens dans une dynamique plus offensive. Mais les GAFAM, bien implantés, disposent encore d’un pouvoir économique et technologique sans équivalent. L’enjeu, désormais, est de construire une souveraineté numérique crédible, capable de concilier innovation, indépendance et équilibre démocratique.
L’industrie musicale française en 2024 : entre croissance numérique et résilience du physique
Le récent rapport de la SNEP nous présente un bilan du marché français de la musique. En 2024, le marché français de la musique enregistrée est dynamique avec une croissance de 7%, atteignant 1,031 milliard d’euros, son plus haut niveau depuis 2005. Cette performance s’appuie sur une hégémonie du numérique, tout en révélant des paradoxes, comme le retour inattendu du vinyle ou les défis persistants de la rémunération artistique.
Le streaming en pilote, le vinyle en surprenant challenger
Les revenus numériques, moteurs de la croissance, progressent de 9,1% pour atteindre 674 millions d’euros. Le streaming par abonnement domine avec 522 millions d’euros (+11,4%), confirmant son rôle de « poule aux œufs d’or » pour les majors (Universal, Sony, Warner), qui captent 70% des royalties. Le modèle freemium, financé par la publicité, génère 75 millions d’euros (+6%), mais reste marginal face aux abonnements payants. En revanche, le streaming vidéo stagne (-0,1%), signe d’un public moins engagé sur ce format.
Malgré la suprématie du numérique, le physique résiste, avec une hausse de 1,3% à 196 millions d’euros. Le vinyle, symbole de cette résilience, dépasse le CD en valeur pour la première fois depuis 1987 (+5,4% à 98 millions d’euros), porté par les moins de 35 ans et les boutiques artistes (+33% de ventes directes). Les synchros (utilisation de musique dans des films, pubs, jeux) bondissent de 18,9%, tirées par des biopics et les Jeux Olympiques de Paris 2024, tandis que les droits voisins (rémunération des producteurs) grimpent de 2,3%.
Le fossé générationnel et la lente maturation du marché
Le streaming représente 78% du marché, mais son adoption en France reste en retard. Seuls 25,9% de la population souscrivent à un abonnement payant, contre 39,7% aux États-Unis. La croissance des abonnés (+7,3%) est aussi plus lente qu’au niveau mondial (+10,6%). Les moins de 35 ans, principaux acheteurs de vinyles et CD, consacrent plus 24 heures par semaine à écouter de la musique, largement via TikTok qui est décompté comme du temps d'écoute en raison de la multitude de contenus musicaux sur l'appli (6h48 hebdomadaires). À l’inverse, les plus de 50 ans, qui constituent 48,4% de la population, ne représentent que 29,8% des abonnés, soulignant un potentiel inexploité.
Monétisation, diversification et innovation technologique
Pour pérenniser sa croissance, le secteur doit relever plusieurs défis :
Monétiser le freemium : Les revenus publicitaires, bien qu’en hausse, peinent à compenser les faibles taux de conversion vers les abonnements payants.
Séduire les seniors : Les plateformes doivent adapter leurs offres (tarifs groupés, contenus exclusifs) pour capter les +50 ans, moins attirés par le streaming.
Optimiser les coûts du physique : Les usines de pressage, confrontées à des coûts de production élevés et des tensions logistiques, nécessitent des investissements.
Exploiter l’IA : L’intelligence artificielle pourrait personnaliser les recommandations, améliorer la découverte des artistes émergents et optimiser les campagnes marketing.
Par ailleurs, l’équité des rémunérations reste un enjeu brûlant. Si les certifications d’albums explosent (+266 albums certifiés en 2024), les artistes indépendants et les catalogues anciens peinent à rivaliser avec les stars du rap et de la pop, qui trustent les classements. La taxe CNM, instaurée en 2024 pour financer le Centre National de la Musique, pousse aussi les plateformes à ajuster leurs tarifs, risquant de freiner l’adhésion des consommateurs.
Un équilibre fragile entre tradition et innovation
L’industrie musicale française incarne une dualité : elle surfe sur la vague numérique tout en préservant des bastions analogiques, comme le vinyle. Si le streaming assure sa survie, les défis de la maturité du marché, de l’inclusion des seniors et de la juste rémunération appellent à une évolution des modèles. Depuis janvier 2025, Deezer a adopté un modèle de rémunération "Artist-Centric" en partenariat avec la Sacem, visant à offrir une rémunération plus équitable aux artistes. Pour finir, l’IA et les partenariats innovants (séries, jeux vidéo, réseaux sociaux) pourraient dessiner les contours d’une industrie plus résiliente et équitable, à condition de ne pas sacrifier la diversité artistique sur l’autel de la rentabilité.
Dans un contexte mondial marqué par des défis significatifs pour l'industrie automobile dans son ensemble, la Commission européenne a dévoilé il y a quelques jours un plan d’action stratégique visant à soutenir et transformer le secteur. Suffisant ou voué à l'échec ?
Une industrie en crise
L’industrie automobile traverse une période de transformation sans précédent, marquée par la nécessité de conjuguer innovation, transition écologique et compétitivité économique. La réglementation européenne impose un passage aux véhicules neufs à zéro émission d’ici 2035, un objectif ambitieux qui se heurte à plusieurs obstacles.
Le développement des véhicules électriques est freiné par des coûts de production encore élevés, une infrastructure de recharge insuffisante et une dépendance aux matières premières critiques comme le lithium et le cobalt.
La concurrence internationale, notamment avec les fabricants chinois, accentue la pression sur les constructeurs européens, qui peinent à proposer des modèles abordables et compétitifs. L'ensemble de la chaine de valeur se retrouve ainsi sous pression depuis plusieurs mois, comme en témoignent les performances boursières des acteurs du secteur, ainsi que les niveaux moyens de valorisation, tombés au plus bas depuis le "diesel gate".
Beaucoup de promesses
C'est dans cet environnement que la commission européenne a annoncé début mars un plan de soutien à l'industrie qui repose sur plusieurs axes majeurs.
Tout d’abord, l’UE maintient son objectif de ne vendre que des véhicules à zéro émission de CO₂ d’ici 2035, malgré des défis croissants: la transition vers l’électrique progresse lentement, l'infrastructure de recharge est encore insuffisante et une concurrence des fabricants chinois qui s'accroit.
Afin d’accélérer cette transition, l’UE prévoit d’investir 570 millions d’euros pour développer un réseau de bornes de recharge. Parallèlement, un fonds de 1,8 milliard d’euros est mis en place pour sécuriser l’approvisionnement en matières premières critiques pour les batteries, réduisant ainsi la dépendance aux importations asiatiques.
La Commission entend également renforcer l’innovation en accélérant le développement des véhicules autonomes et connectés, soutenant ainsi l’industrie dans sa transformation technologique.
L’impact de cette transition sur l’emploi est une autre préoccupation majeure. La disparition progressive des moteurs thermiques remet en cause des milliers de postes dans l’industrie automobile. Pour anticiper ces mutations, l’UE prévoit d’intensifier la formation et la reconversion des travailleurs, en les préparant aux métiers de l’électrification et du numérique. Cette adaptation des compétences est essentielle pour assurer une transition juste et inclusive.
Enfin, sur le plan réglementaire, la Commission adopte une approche plus souple concernant les normes d’émission de CO₂. L’objectif est de permettre aux constructeurs de s’adapter aux nouvelles exigences tout en maintenant leur compétitivité. Un groupe de travail dédié sera créé pour assurer un suivi précis de la mise en œuvre des mesures et évaluer leur impact sur le marché européen.
Une issue incertaine
Malgré ces initiatives, l’atteinte de l’objectif 2035 reste incertaine. Le marché des véhicules électriques ne croît pas aussi rapidement que prévu, et la production européenne de batteries demeure insuffisante pour répondre à la demande. La forte dépendance aux importations de lithium et de cobalt expose le secteur à des tensions sur les matières premières. Par ailleurs, la transition exige des investissements colossaux pour moderniser les usines et renforcer l’infrastructure de recharge.
Ce plan marque toutefois une étape décisive pour l’industrie automobile européenne, même si des ajustements seront nécessaires afin d’équilibrer ambition environnementale et faisabilité économique. L’Europe devra notamment concilier réglementation, innovation et soutien aux industriels pour assurer une transition efficace et durable.
La Fevad (Fédération E-commerce et Vente à Distance) a publié son bilan pour l'année 2024. Le rapport fait état d'une croissance annuelle de +9,6% des revenus du e-commerce hexagonal, avec un montant record de 175,3 Mds € atteint. Cette bonne dynamique a été portée par une nette reprise des transactions (+10% par rapport à 2023), contrairement aux deux années précédentes où l'augmentation des revenus était soutenue par l'inflation.
Au cours de l'année, les ventes de produits ont retrouvé leur haut niveau de 2021, atteignant 66,9 Mds € (+6%). Le e-commerce représente désormais 11% du commerce de détail, ce qui traduit son ancrage fort dans les habitudes de consommation des Français. Côté services, la dynamique est toujours positive, avec une croissance de 12% des ventes, totalisant 108,4 Mds €. L'année 2024 marque la fin de l'évolution antagoniste de ces deux segments du e-commerce. Cependant, la baisse de l'inflation combinée aux efforts d'économies des consommateurs conduit à la stabilité du panier moyen en 2024, à 68€. Les hausses des revenus précédentes sont donc uniquement liées aux hausses des volumes de ventes.
Plus précisément, la vente au détail est portée par deux secteurs moteurs : la beauté, avec des ventes en hausse de +4%, et les voyages/tourisme, également à +4%. Le secteur beauté-santé est le 7ᵉ marché de vente en ligne, avec 17,6 M de cyberacheteurs. L’e-tourisme reste le premier marché pour les internautes, avec plus de 24,3 M de cyberacheteurs, soit 58,4% de tous les e-consommateurs français.
Cette croissance du e-commerce s'est réalisée dans un contexte particulier, comme le met en lumière la Fevad dans une analyse annexe à son bilan annuel, portant sur l'état d'esprit des Français. Sur l'année, 36% des personnes interrogées lors du sondage ont été contraintes d'augmenter leurs dépenses de consommation, majoritairement à cause de la hausse générale des prix. Pour le commerce en ligne, 32% des consommateurs affirment avoir acheté plus en ligne. En effet, le e-commerce leur permet d'accéder à une offre plus variée et moins coûteuse, représentant un moyen d'atténuer les effets économiques négatifs de l'année.
En termes de perspectives pour 2025, le sentiment général est mitigé, mais une majorité (39%) estime que leur situation économique personnelle va se dégrader. Néanmoins, ils estiment que leur consommation sera moins contrainte en 2025 que sur l'année passée. En effet, 35% (vs 24% de diminution) prévoient une hausse de leurs dépenses de consommation et plus de 10% souhaitent consommer davantage.
Enfin, pour les pratiques de consommation, un Français sur trois compte accentuer ses efforts pour réaliser des économies. Cela passe par une recherche de produits ou de circuits de distribution moins chers, ce qui peut conduire à privilégier les plateformes en ligne. De plus, 25% des sondés souhaitent adopter des comportements de consommation plus vertueux, permis par certaines plateformes de e-commerce (Vinted, Leboncoin). Par ailleurs, 51% des acheteurs en ligne ont recours à des achats de seconde main. Les secteurs les plus concernés sont la mode (39%) et les jouets, livres et produits de loisirs (19%). La revente en ligne est presque aussi populaire, avec 43% des répondants qui ont revendu au moins un produit au cours de l'année.
Retour en grâce du nucléaire: un impact majeur sur les sociétés cotées en Europe et aux États-Unis ?
Longtemps lié principalement à la question politique en Europe, le nucléaire connaît un progressif retour en grâce, porté par les impératifs de transition énergétique et de souveraineté. Dans ce contexte, les réacteurs modulaires de petite taille (Small Modular Reactors), notamment, s’imposent comme une solution clé pour l’avenir. Si l’Europe accélère ses investissements, elle reste toutefois en retard par rapport aux États-Unis, où l’écosystème des entreprises cotées est plus large et dynamique.
Les SMR : un levier d’innovation où les États-Unis dominent
Les SMR sont au cœur de cette renaissance nucléaire. Conçus comme une alternative plus flexible, plus sûre et moins coûteuse que les réacteurs nucléaires classiques, les SMR devraient représenter un marché de 150 à 300 milliards de dollars d’ici 2040, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Cette montée en puissance a un impact majeur sur les sociétés cotées, notamment aux États-Unis, qui dominent actuellement le secteur, et en Europe, où le développement des SMR est plus lent.
Parmi les leaders américains, NuScale Power est la première entreprise à avoir obtenu l’approbation d’un design de SMR par la NRC. Le titre a bondi de +750% sur un an. Plus généralement, les valeurs cotées du nucléaire (GE Vernova, Constellation Energy, Duke Energy, Centrus Energy Corp, Mirion Technologies) outre Atlantique ont connu un fort emballement au cours des derniers mois.
En Europe, l’écosystème est pour le moment un peu plus limité. EDF, bien que leader dans le développement du nucléaire en France avec son projet Nuward, n’est pas coté en bourse, ce qui restreint les opportunités d’investissement direct. Certains acteurs européens, en revanche, à l’image de Rolls-Royce, qui développe un projet de SMR au Royaume-Uni ou de Siemens Energy, qui fournit des composants pour le nucléaire, sont bien orientés.
Plusieurs entreprises d’ingénierie, de construction et d’équipement de notre univers des small et mid caps françaises sont aussi bien positionnées pour capter une partie de cette croissance, à l’image d’Assystem (ingénierie), SPIE (maintenance des installations) ou encore Schneider Electric (solutions avancées de gestion d’énergie pour le secteur).
Les géants de la tech s’intéressent au nucléaire pour alimenter leurs datacenters
Au-delà des acteurs traditionnels de l’énergie, une nouvelle tendance émerge et devrait encore davantage favoriser le développement de l’énergie atomique : les grandes entreprises technologiques s’intéressent de plus en plus à l’énergie nucléaire, et aux SMR, pour alimenter leurs datacenters. Avec l’explosion des besoins en calcul liés à l’intelligence artificielle, au cloud computing et à la gestion des données, les datacenters sont devenus des infrastructures extrêmement énergivores, qui pourraient mettre en tension le système électrique actuel.
Face à cet enjeu, plusieurs géants américains de la tech explorent les SMR comme une solution d’approvisionnement en énergie stable, décarbonée et sécurisée. Microsoft a récemment signé un partenariat avec Constellation Energy pour explorer l’intégration d’énergie nucléaire dans ses infrastructures cloud. Amazon Web Services (AWS) et Google Cloud se montrent également intéressés par des solutions énergétiques stables, et plusieurs brevets liés à l’usage de réacteurs modulaires pour les datacenters ont été déposés.
Le nucléaire, un retour dans la taxonomie verte depuis fin 2022
Longtemps resté l’apanage de la puissance publique pour des questions de sécurité, de défense ou simplement d’idéologie, le nucléaire civil pourrait désormais être financé par plus de fonds privés, notamment provenant de la bourse. L’intégration du nucléaire dans la taxonomie verte fin 2022 pourrait d’ailleurs jouer un rôle déterminant dans son retour en grâce, en ouvrant la porte aux fonds d’investissement ESG et en stimulant les investissements dans une filière longtemps sous-financée, dans un contexte où l’Europe cherche des solutions à la fois décarbonées et stables pour sécuriser son approvisionnement énergétique face aux crises géopolitiques et aux limites des énergies renouvelables intermittentes.
Le CAC Small replonge en territoire négatif avec un recul de -8,0% sur l’année. Pour mieux analyser l’évolution des small caps industrielles, nous avons construit un indice de référence basé sur des valeurs françaises du secteur industriel (classification GICS « Industrials » - FactSet) avec une capitalisation inférieure à 300 M€.
Le constat est clair : seules 6 valeurs sont en hausse, soit à peine 25% de notre sélection, et 60,7% sous-performent même le CAC Small.
2024 : Une année de transition pour l’industrie et les marchés français🏭
L’année 2024 a été marquée par des secousses économiques et politiques qui ont lourdement pesé sur les marchés et l’industrie française. Alors que le CAC 40 limite la casse (-2,2%), le CAC Small décroche (-8,0%), plombé par la dissolution de l’Assemblée nationale et un climat d’incertitude grandissant.
🔧 Un triste record pour l’industrie : pour la première fois depuis 2016, la France affiche un solde négatif avec plus de fermetures d’usines que d’ouvertures. Michelin, Valeo et Steris sont parmi les grands groupes contraints de réduire leur empreinte industrielle face à des marges sous pression.
💰 Investissements en berne : après des années de croissance (+18%/an depuis 2016), les investissements industriels chutent de -10% en 2024, un repli cependant plus modéré que la baisse mondiale (-26%).
⚡ Des secteurs moteurs : l’énergie et la chimie tirent leur épingle du jeu avec de grands projets comme le raccordement de l’EPR de Flamanville (19 Mds €) et la giga-usine de batteries de Blue Solutions (+1 Md €).
🔎 Au programme de notre note :
Nous avons analysé en détail les meilleures performances individuelles de l’année, mais aussi l’évolution des consensus sur les fondamentaux de l’ensemble de l’échantillon. Certaines valeurs clés font l’objet d’un focus approfondi, mettant en lumière les dynamiques qui ont marqué 2024.
Enfin, nous dévoilons notre système de notation exclusif, basé sur les fondamentaux et les perspectives des entreprises, pour offrir une vision claire de notre échantillon.