Le marché français de la musique au S1 2025

Renan Kerourio, analyste chez EuroLand Corporate
17 septembre 2025

Une dynamique positive mais un ralentissement perceptible

Le bilan du SNEP (Syndicat national de l’édition phonographique) confirme la vitalité du marché de la musique enregistrée en France, même si les signes d’essoufflement deviennent visibles. 

Au premier semestre 2025, le chiffre d’affaires du secteur atteint 432 M€, soit une progression de +3,4% par rapport à l’année précédente. Cette croissance repose sur la répartition entre le numérique, qui représente désormais 80% du marché avec 346 M€ de revenus (+3,1%), et le physique, qui surprend positivement avec une hausse de +4,4% pour s’établir à 86 M€.

Le streaming par abonnement continue d’être la pierre angulaire du marché : il génère 271 M€, en progression de +4,9%, et pèse désormais 63% du chiffre d’affaires total. Néanmoins, le modèle freemium peine à convaincre. L’audio financé par la publicité progresse timidement de +2%, tandis que la vidéo accuse une nette baisse de -6,8%, en raison du basculement massif des usages vers les formats courts sur les réseaux sociaux. 

À contre-courant, le marché physique fait preuve d’une résilience remarquable. Le vinyle enregistre une croissance de +9,4%, atteignant 45,7 M€ et dépasse pour la première fois le CD en valeur, même si ce dernier reste leader en volume de ventes. Ce phénomène illustre la capacité de l’industrie à conjuguer modernité et nostalgie, en attirant à la fois les amateurs de collections et les nouvelles générations.

Source : SNEP, Euroland Corporate

Une croissance moins soutenue

Sur les cinq dernières années, le chiffre d’affaires du secteur a progressé de +55%, soit un TCAM de +9,1%, mais la dynamique s’essouffle. En 2024, la croissance semestrielle s’élevait à +6,6%, contre seulement +3,4% cette année. Ce ralentissement tient en grande partie au ralentissement du streaming, qui reste le moteur principal mais dont la progression s'établit à +3,4%, contre +10,1% en 2024 et +10,4% en 2023. La contraction du streaming vidéo, associée à la croissance limitée des abonnements, pèse lourdement sur l’évolution du secteur.

Le marché français souffre encore d’un taux de pénétration limité des abonnements aux plateformes de streaming. Selon le SNEP, seuls 25,9% des Français étaient abonnés en 2024, un niveau bien inférieur à celui observé au Royaume-Uni, en Allemagne ou aux États-Unis. Par ailleurs, la progression du nombre d’utilisateurs en France reste modeste, à +7,3% entre 2023 et 2024, contre une moyenne mondiale de +10,6%. Cette limite structurelle explique pourquoi la croissance du streaming reste contenue dans l’Hexagone, malgré un potentiel encore significatif.

Source : SNEP, Euroland Corporate

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