Le Pulse des Small et Mid Caps

Le bureau de recherche d'Euroland Corporate
13 septembre 2024

L'édito de Marc Fiorentino

La France a une incroyable chance ! Non, ce n'est pas le titre d'un nouveau concours de talent sur TF1 ou M6. C'est une constatation que je fais régulièrement. Même si on ne croit pas aux phénomènes surnaturels, force est de constater que la France est aidée par des forces inexplicables à chaque fois qu'elle est dos au mur.

Depuis des années, voire des décennies, nous sommes nombreux à annoncer, régulièrement, que la France est confrontée à de tels problèmes qu'elle ne pourra pas éviter de prendre des mesures drastiques et douloureuses pour sortir de l'ornière. Et à chaque fois, face à un mur qui paraît infranchissable, l'horizon s'éclaircit d'un coup, comme par miracle. C'est fascinant. Rassurez-vous je ne suis pas "high" et je ne traverse pas une crise mystique. Des exemples ? J'en prendrai deux, les plus récents, qui illustrent mon propos.

Juste avant le Covid, la France était dans une situation extrêmement difficile. Au plan financier. Nous avions explosé les plafonds de déficits et de dette et l'Europe, les agences de notation et les marchés étaient prêts à nous sanctionner pour nous forcer, comme la Grèce, le Portugal ou l'Espagne avant nous, à adopter dans l'urgence des réformes structurelles douloureuses. Juste à ce moment est venu le Covid. Un drame humain certes. Mais un énorme coup de bol financier. Face au Covid, l'Europe a dû faire sauter tous les verrous de la dette et du déficit. La limite des 3% du PIB était supprimée. Et il était conseillé de dépenser, plus, toujours plus, pour compenser les effets du Covid. Et dépenser plus, beaucoup plus, nous savons faire. Nous avions commencé avant le Covid, et nous avons continué bien après le Covid. Le "quoi qu'il en coûte" nous a permis d'éviter de prendre les mesures nécessaires d'austérité budgétaire.

Et aujourd’hui, rebelote. Un déficit prévu à 5.6%. Aucune réforme structurelle. Une dette qui nous permet de faire partie du club des cancres, avec plus de 100% du PIB. Une instabilité politique. Un Parlement sans majorité. Pas de gouvernement pendant des semaines et un gouvernement qui va être soumis au bon vouloir du RN. Une procédure de l'Europe contre nous pour déficit excessif. Donc tous les ingrédients étaient réunis pour que notre prime de risque explose et que le taux de financement de notre dette exploser aussi.

Coup de bol, l'économie mondiale ralentit. L'économie américaine ralentit. Et c'est un cycle de baisse des taux qui commence dans tous les pays développés. Aux États-Unis. Et en Europe, où, coup de bol encore, l'économie allemande est proche de la récession et entraîne l'Europe dans une croissance molle qui va nécessiter une baisse drastique des taux d'intérêt. Une baisse des taux...dont nous allons largement profiter...et qui va, encore, nous éviter de prendre les mesures nécessaires pour assainir nos finances. Avouez que c'est troublant. Cette "chance" nous permet de sauter les obstacles à chaque fois qu'ils se présentent. Mais elle a son revers : nous ne prenons jamais les décisions qu'il faut car nous réussissons toujours à nous en sortir au moment où nous sommes dos au mur. La France a vraiment un incroyable bol, et c'est une mauvaise nouvelle...

La valeur de la semaine - PulluP Entertainment

PulluP Entertainment s’impose comme la valeur de la semaine, avec une progression hebdomadaire de +8,8 % de son cours de bourse. L’annonce de sortie de SpaceMarine 2 pour la rentrée avait créé un engouement estival au cours duquel l’action du groupe a augmenté de +91% sur les deux derniers mois. 

Le jeu a confirmé les attentes en atteignant un volume de ventes de deux millions d’unités en seulement 24 heures, établissant un nouveau record de lancement pour l’entreprise. Ce succès commercial est renforcé par des critiques très positives, avec un score de 83/100 sur Metacritic et 80/100 sur Steam. Cela souligne à la fois la qualité du jeu et la satisfaction des joueurs. 

Ce lancement record s’inscrit dans la stratégie de l’entreprise, qui mise sur l’acquisition de studios pour renforcer son expertise en développement. L’éditeur de jeux vidéo consolide ainsi sa position parmi les leaders européens du secteur. Cette réussite survient dans un contexte difficile pour l’industrie du jeu vidéo, marquée par un ralentissement après le boom durant le confinement. Les cours de bourse du secteur sont en dans le rouge, Don’t Nod Entertainment a vu son action chuter de -63,0 % depuis le début de l’année, tandis qu’Ubisoft enregistre une baisse de -49,4 % en YTD. A l’inverse, PulluP évolue en territoire positif en réalisant une performance de +22,1% depuis le 1er Janvier.

Le secteur de la semaine - Équipementiers

Les équipementiers automobiles traversent une semaine boursière compliquée. La dernière mauvaise nouvelle provient de BMW, qui a annoncé le rappel d’environ 1,5 million de véhicules en raison d’un défaut du système de freinage. Continental, le fournisseur impliqué, a reconnu sa responsabilité, bien que la direction de BMW ne l'ait pas publiquement désigné. L’équipementier allemand précise cependant que seule une petite fraction des systèmes est défectueuse. En conséquence, son cours a chuté de -14,4 % sur la semaine. BMW a, de son côté, annoncé un avertissement sur résultats.

Cette situation s'inscrit dans un contexte déjà difficile pour le secteur automobile, qui connaît un net ralentissement des ventes depuis plusieurs mois. Les constructeurs et les équipementiers peinent à négocier le virage vers l’électrique. De plus, la demande sur le marché chinois, qui était la vache à lait des constructeurs européens (1/3 des ventes de Volkswagen), est en baisse. Les consommateurs chinois préfèrent, par exemple, des constructeurs locaux comme BYD.

Valeo, en particulier, subit d'importants mouvements de grève après avoir annoncé la suppression de 1 200 emplois et la délocalisation de trois sites de production. Par ailleurs, l'équipementier est devenu la deuxième société la plus shortée sur la place parisienne. Malgré cela, le titre a toujours la faveur des brokers. Le cours a enregistré une baisse limitée de -5,5 % sur la semaine, comparé à une performance YTD en retrait de -35,7 %. Au sujet de notre échantillon sur ce secteur, les performances boursières sont globalement en territoire négatif. Forvia a enregistré une baisse hebdomadaire de -11,5 %, tandis qu’OPmobility a reculé de -7,2% et Delfingen de -24,8%.

Des nouvelles des États-Unis...

Apple a une fois de plus secoué le monde de la tech cette semaine avec sa Keynote de septembre 2024. Au-delà des traditionnelles annonces de nouveaux iPhones et Apple Watches, c’est "Apple Intelligence" qui a véritablement marqué les esprits. Présenté comme l’avenir de l’expérience utilisateur sur iOS, ce système d'intelligence artificielle pousse encore plus loin les capacités des appareils Apple, offrant une rédaction assistée ultra-intuitive, des "Genmojis" qui donnent vie aux messages, et une édition d’images par IA qui promet de révolutionner la créativité numérique.

Mais cette révolution technologique n’aura pas lieu en Europe, du moins pas en 2024. Apple a décidé de ne pas déployer "Apple Intelligence" sur le vieux continent, citant des "incertitudes réglementaires" liées au Digital Markets Act (DMA) de l’Union européenne. Cette législation, conçue pour freiner la domination des géants technologiques, impose des règles strictes d'interopérabilité qui, selon Apple, pourraient compromettre la sécurité et la confidentialité des données de ses utilisateurs. Cette décision de ne pas lancer l'une de ses innovations phares en Europe témoigne des tensions croissantes entre Apple et les régulateurs européens. Un coup dur pour les utilisateurs européens, mais aussi une bataille réglementaire qui pourrait bien redéfinir les relations entre Bruxelles et la Silicon Valley dans les années à venir...

A ne pas rater la semaine prochaine 

L'image de la semaine

SpaceX a écrit une nouvelle page de l’histoire spatiale ce 12 septembre 2024 avec la première sortie extravéhiculaire privée de l’histoire, marquant un jalon significatif pour l'exploration spatiale commerciale. Cette mission, baptisée Polaris Dawn et commandée par le milliardaire Jared Isaacman, a vu ce dernier devenir le premier civil à réaliser une sortie dans l'espace, suivi de près par Sarah Gillis, ingénieure chez SpaceX.

Au-delà de l’exploit technique, cette sortie a permis de tester de nouveaux scaphandres conçus par SpaceX, plus légers et flexibles que ceux utilisés jusqu’à présent. L'opération s’est déroulée à une altitude de 740 kilomètres au-dessus de la Terre, la plus éloignée atteinte depuis les missions Apollo, et a nécessité une planification rigoureuse compte tenu des risques inhérents, notamment l'absence de sas sur la capsule Dragon, ce qui a exposé l'intérieur de l'engin spatial au vide spatial. Cette mission, financée intégralement par Isaacman, n'est que la première d'une série prévue par le programme Polaris. Elle démontre non seulement les capacités grandissantes des entreprises privées dans l'exploration spatiale, mais elle ouvre également la voie à de futures missions où les limites de l'espace ne seront plus l'apanage des agences gouvernementales

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