Le Russell 2000 : Un indice en quête de renouveau ?
Vous connaissez sûrement le CAC Mid & Small et Euronext Growth, mais êtes-vous familier avec le Russell 2000, le cœur battant des petites capitalisations américaines ? Souvent éclipsé par les géants que sont le Nasdaq et le S&P 500, cet indice incarne pourtant l'essence même de l'innovation et de la résilience des petites entreprises. Alors que le Nasdaq, dominé par les grandes valeurs technologiques, a atteint des sommets historiques, le Russell 2000 peine à suivre. Le vent pourrait néanmoins tourner avec les perspectives économiques et monétaires actuelles, qui permettraient d’offrir à ces petites capitalisations une nouvelle dynamique.
Qu’est-ce que le Russell 2000 ?
Créé en 1984 par Frank Russell Company, le Russell 2000 a été conçu pour suivre la performance des petites entreprises cotées aux États-Unis. Cet indice regroupe les 2 000 plus petites entreprises du Russell 3000, qui couvre presque 100 % du marché boursier américain. Le Russell 2000 représente environ 7% de la capitalisation totale de ce dernier. Contrairement aux multinationales du Nasdaq et du S&P 500, souvent tournées vers l’international, les sociétés du Russell 2000 sont fermement ancrées dans le tissu économique domestique, reflétant les dynamiques de croissance locale et l'évolution des conditions économiques américaines. Tout comme le CAC Mid & Small en France, qui capte la dynamique des moyennes et petites entreprises françaises, le Russell 2000 joue un rôle clé dans la mesure de la santé des petites capitalisations américaines. Cependant, il existe une différence significative en termes de taille d'entreprises : la capitalisation moyenne d'une entreprise du CAC Mid & Small est d'environ 1,6 milliard d'euros, tandis que sur le Russell 2000, elle est proche de 3 milliards de dollars (environ 2,8 milliards d'euros).
Une histoire ancrée dans l’économie américaine
L’histoire du Russell 2000 est jalonnée de périodes où il a joué un rôle essentiel en révélant des entreprises qui allaient devenir des leaders industriels. Par exemple, dans les années 1990, avec l'émergence du secteur technologique, des entreprises comme Amazon, Netflix, et Tesla ont d’abord été incluses dans cet indice, à une époque où elles étaient encore de petites capitalisations. Ce rôle de tremplin pour les futures grandes entreprises reste une caractéristique clé du Russell 2000, un indice qui permet aux investisseurs de détecter les pépites à fort potentiel avant qu'elles n'intègrent des indices de plus grande envergure comme le Nasdaq ou le S&P 500.
Au fil des années, le Russell 2000 s'est imposé comme l’indice de référence pour les petites capitalisations américaines. Sa pondération annuelle, qui a lieu en juin, garantit qu’il reste toujours représentatif des plus petites entreprises cotées aux États-Unis, tandis que ses sous-indices, comme le Russell 2000 Growth Index et le Russell 2000 Value Index, permettent aux investisseurs de choisir entre des stratégies de croissance ou de valeur. Le Russell 2000 reste aujourd'hui un acteur incontournable pour tout investisseur à la recherche d’exposition aux petites capitalisations. Il est largement utilisé comme référence pour des fonds indiciels et des ETF (fonds négociés en bourse), notamment via des produits tels que l’iShares Russell 2000 ETF, qui permettent de répliquer la performance de l’indice tout en diversifiant les portefeuilles.
Figure 2 – Evolution des grands indices américains depuis 2020. NDQ100, SPX et RUT correspondent respectivement au Nasdaq 100, au S&P 500 et au Russell 2000 (TradingView au 27.09.24)
La baisse des taux, un bol d’air pour les petites capitalisations Bien que le Russell 2000 a souffert ces dernières années, notamment face à la domination des valeurs technologiques du Nasdaq, l’avenir pourrait s’annoncer plus favorable. Avec une inflation maîtrisée, un marché du travail en ralentissement et une consommation en berne, la Fed a surpris les marchés en septembre avec une première baisse de taux directeurs depuis 2020. Après une série de 11 hausses consécutives en 2022 et 2023 pour contrer une inflation galopante, la Fed a décidé de réduire ses taux de 0,5 point de pourcentage, au lieu des 0,25 points anticipés par les analystes. Cette réduction, qui ramène le taux directeur à une fourchette de 4,75 % à 5 %, est une réponse directe à une inflation désormais proche de 2 %, mais également à un taux de chômage en hausse, passé de 3,4 % en avril 2023 à 4,2 % en août 2024.
Figure 3 - Evolution des taux directeurs de la FED & de l'inflation aux USA depuis 2020. USINTR et USRYY correspondent respectivement à l’évolution du taux directeur de la FED et à l’évolution de l’inflation américaine (TradingView au 27.09.24)
Les petites capitalisations, telles que celles regroupées au sein du Russell 2000, tirent un avantage crucial des baisses de taux d'intérêt. Contrairement aux grandes entreprises du S&P 500, ces sociétés sont souvent plus endettées et possèdent une part importante de leur dette à taux variable. Lorsque la Réserve fédérale réduit les taux, le coût de ces emprunts diminue, leur permettant de refinancer leur dette à moindre coût et d’alléger leur charge financière, libérant des ressources pour investir dans leur expansion, l'innovation ou simplement pour renforcer leur trésorerie.
Historiquement, ces périodes de politique monétaire accommodante ont souvent permis au Russell 2000 de surperformer les indices des grandes capitalisations. En attirant les investisseurs en quête de rendement dans un environnement de taux bas, les small caps voient leur valorisation grimper, leur offrant une visibilité accrue sur les marchés. Ce phénomène a déjà été observé dans les années 1980 et plus récemment durant la crise COVID de 2020, où les petites capitalisations ont souvent profité d'un regain d'intérêt, devenant le terrain de jeu privilégié des investisseurs à la recherche de croissance et de diversification.
Figure 4 - Données du 1/5/1980 au 31/3/2022 (12 mois après la dernière baisse de taux). Source : American Century Investments avec Factset. Les actions à petite et grande capitalisation sont représentées respectivement par l'indice Russell 2000 et l'indice Russell 1000.
Conclusion
Longtemps relégué au second plan, le Russell 2000 pourrait revenir prochainement sur le devant de la scène. Dans un contexte de détente monétaire, les petites capitalisations, malgré leur volatilité, offrent un potentiel de croissance indéniable. Comme le CAC Mid & Small en France, cet indice reste un moteur d'innovation et un vivier pour les entreprises en plein développement. Si le Nasdaq a dominé ces dernières années, le Russell 2000 pourrait bien redevenir un acteur clé de la bourse américaine.
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