Après une année 2022 faste pour les acteurs du bois énergie, portés par une succession d’évènements économiques et géopolitiques (guerre en Ukraine, crise énergétique) ainsi que par les nombreuses incitations gouvernementales visant à accélérer la transition écologique (interdiction de l’installation de chaudières à fioul neuves depuis juillet 2022, mise en place de MaPrimeRénov’, CEE…), le secteur reprend largement son souffle. Depuis janvier 2023, les principaux acteurs cotés en France (Cogra, EO2, Moulinvest, Poujoulat) affichent des performances boursières dans le rouge et ont reculé en moyenne de près de -35%.
Un marché en surchauffe
Plusieurs éléments expliquent cette évolution. En premier lieu, l’emballement de la demande en 2022 du fait des éléments précédemment cités a créé un déséquilibre avec l’offre, poussant les prix des combustibles biomasse, comme le granulé de bois, à des niveaux jamais observés. Après une phase de « surchauffe », où les producteurs de bois énergie (qu’ils soient des pure players, comme Cogra, ou non) ont en conséquence affiché des résultats records en matière de chiffre d’affaires et de rentabilité, les prix de la matière reviennent progressivement à la normale (voir graphique ci-dessous, indice du prix du granulé, base 100 en 2016, source CEEB), entrainant dans leur sillage le chiffre d’affaires des acteurs concernés. Les effets de base sont par ailleurs, naturellement, très importants.
Cette mécanique de prix et de normalisation de l’équilibre entre l’offre et la demande est aussi renforcée par l’évolution des volumes. Les distributeurs de granulés et les consommateurs finaux ont accumulé et stocké de la matière première durant la phase d’euphorie. Cette matière n’a pas été entièrement utilisée, notamment à cause d’un hiver trop doux, provoquant un phénomène de surstockage.
Enfin, les taux de croissance d’équipement en poêles et chaudières à granulés bois connaissent eux aussi une phase de normalisation, après avoir atteint des progressions vertigineuses (TCAM entre +25% et +40% sur la période 2020-2023 selon les sources). Deux éléments principaux l’expliquent : d’une part, un contexte toujours inflationniste et incertain, qui pousse les ménages à différer des investissements d’une telle ampleur, et de l’autre, un cadre réglementaire moins incitatif. L’Etat français a notamment récemment réduit les aides à l’installation sur les appareils au bois et a durci les conditions d’obtention d’aides au financement, notamment de MaPrimeRénov.
Quelles perspectives ?
Le fort engouement de 2022 pour l’industrie a laissé la place à un retour à la réalité assez brusque en 2023, retour que l’on pourrait même qualifier d’excessif. Après avoir atteint un point haut il y a deux ans, les multiples de valorisation des sociétés du secteur ont largement dégonflé et se traitent actuellement sur des plus bas à 5 ans, à moins de 4,0x EV/EBITDA 2024e, alors que les fondamentaux économiques restent, en moyenne structurellement, solides. A plus long-terme, nous pensons que les perspectives du secteur, longtemps délaissé par le marché, sont particulièrement enthousiasmantes et que la biomasse devrait être une des composantes incontournables d’une transition écologique réussie en France.
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