Offre XXL
Vendredi dernier, Hollywood a connu un coup de tonnerre retentissant. Netflix publiait un accord définitif annonçant l’acquisition de Warner Bros Discovery et de ses mythiques studios, incluant également son service de streaming HBO Max.À l’image des deux protagonistes, l’opération s’avérait XXL, Netflix valorisant Warner 72 Mds$ hors dette. Avec cette dernière, le montant total de l’opération atteignait 83 Mds$ et traduisait un prix par action de 27,75$ soit près de 13% de prime par rapport au cours de clôture observé la veille de l’annonce. Afin de financer l’opération, Netflix prévoyait de s’appuyer sur un crédit syndiqué de 59 Mds$ auprès de la BNP Paribas, HSBC et Wells Fargo. Également courtisée par l’opérateur de câble Comcast et par son concurrent Paramount, Warner Bros avait particulièrement apprécié les 5,8 milliards de dollars d’indemnités de rupture proposés par Netflix en cas de non aboutissement de l’opération.
En dehors des considérations financières, le deal présentait une dimension stratégique évidente avec l’avènement d’un mastodonte rassemblant près de 450 millions d’abonnés, constituant par ailleurs la plus grande opération dans le milieu du cinéma depuis 2019 et le rachat de Fox par Disney. Par la même occasion, Netflix se serait octroyé un catalogue exceptionnel avec notamment la saga Harry Potter mais aussi la série Game of Thrones via HBO Max. Dernier point essentiel dans la décision de rachat, Netflix entrevoyait entre 2 et 3 Mds$ de synergies à travers des économies réalisées sur les trois prochaines années.
Une contre-attaque d'ampleurEn dépit de cette annonce, il semble que la firme créée par Reed Hastings soit allée un peu trop vite en besogne... Au-delà même d’une éventuelle validation de la transaction par l’antitrust, un autre candidat est venu surenchérir ce lundi. Paramount Skydance, acteur emblématique de l’industrie, a émis une offre hostile à 30$ par action, (8% au-dessus de l’offre de Netflix) valorisant ainsi Warner à 108 Mds$.
Toutefois, les périmètres différent : là où Netflix concentre son offre sur le cœur créatif et numérique de Warner, à savoir les studios et l’activité de streaming (production, HBO Max), mais laisse de côté les réseaux câblés et la télévision linéaire, Paramount Skydance adopte, quant à lui, une approche bien plus englobante en visant la prise de contrôle de l’ensemble du groupe, réunissant studios, streaming, chaînes câblées et actifs télévisuels dans une logique de consolidation totale de l’écosystème Warner.
Derrière cette offre, David Ellison, fils de Larry Ellison fondateur de la société technologique Oracle et accessoirement le deuxième homme le plus riche du monde, mais également Donald Trump lui-même. Le président américain, proche de la famille Ellison, a affirmé qu’il serait impliqué dans la décision et que la fusion avec Netflix pourrait constituer un problème notamment en raison des parts de marché déjà très élevées de Netflix.
Paramount Skydance entend notamment contrer Netflix en promettant des synergies nettement supérieures, évaluées à plus de 6 Mds$ par an après l’intégration de Warner Bros Discovery. Pour soutenir son offre conséquente, Paramount s’appuie sur les ressources de la famille Ellison (enrichie grâce à Oracle, valorisée plus de 250 Mds$) et sur RedBird Capital, qui apporteraient ensemble plus de 40 Mds$, complétés par 54 Mds$ de dette fournis par plusieurs grandes banques. Une partie des capitaux proviendrait aussi d’Affinity Partners et de fonds souverains du Golfe, qui ont toutefois choisi de ne pas siéger au conseil d’administration.
Reste désormais à savoir quelle vision l’emportera. Entre la puissance financière de Netflix et l’offensive spectaculaire de Paramount Skydance, c’est toute l’architecture de l’industrie du divertissement qui pourrait être redessinée. Quelle que soit l’issue, l’opération marquera un tournant majeur : jamais depuis le rachat de Fox, Hollywood n’avait été le théâtre d’un affrontement d’une telle ampleur. Une certitude s’impose déjà : le futur du cinéma et du streaming se jouera dans les prochaines semaines, autour d’un actif devenu le pivot stratégique de toute une industrie.

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